Il y a quelques semaines, nous évoquions le durcissement des relations sociales à l’oeuvre dans la branche du conseil. Incapables de s’accorder sur le temps de travail et les rémunérations, les “partenaires sociaux” avaient même fini par mettre leurs relations entre parenthèses. Leur récente reprise s’apparente plus à une reprise des hostilités qu’à une reprise du dialogue social.
Retour vers le passé
La commission paritaire de la branche prévue fin mars a donc bien eu lieu. Le Syntec et le Cinov ayant décidé d’y participer – contrairement à ce qu’ils avaient fait fin février – les représentants des salariés avaient cru pouvoir en tirer la conclusion qu’ils en étaient revenus à de meilleurs sentiments. Point trop n’en fallait pourtant ! Les motifs des brouilles paritaires récurrentes dans le conseil n’ont pas disparu avec l’arrivée du printemps. Les négociateurs patronaux n’en démordaient pas : ils veulent un accord sur le temps de travail, c’est-à-dire sur les forfaits horaires. Les représentants des salariés, de leur côté, voulaient plutôt causer gros sous. La réunion promettait à nouveau de tourner court et les provinciaux pensaient déjà à avancer l’horaire de leur train.
“Pour faire bonne mesure”, estime alors la CGT, le Syntec et le Cinov ont accepté de reprendre une discussion sur les salaires. Les dernières propositions que le patronat avait formulées il y a quelques semaines portaient sur 1,5 % de hausse des minimas pour 2017 puis 1 % pour 2018 et la même chose pour 2019. Dans un grand élan de générosité, après quelques discussions, les représentants patronaux ont proposé autre chose lors de la dernière commission paritaire : “+ 3,84% pour le premier coefficient de la grille ETAM, + 2% pour les autres coefficients ETAM, + 1,5% pour la grille ingénieurs et cadres”, si l’on en croit la CGT. Mais la CGT assure que le Syntec et le Cinov entendent conditionner la mise en oeuvre de cet accord à un accord temps de travail.
Bis repetita placent.
Revirement soudain sur la formation
Après tout, les responsables du Syntec et du Cinov ont sans doute esperé que leur stratégie finirait par fonctionner, les syndicats modérés finissannt par accepter l’échange salaires contre temps de travail. Hélas, les représentants patronaux ont parallèlement décidé de se brouiller avec les négociateurs de ces organisations salariales. Et sur un sujet qui, jusqu’à présent, n’avait rien d’un champ de bataille : la formation professionnelle. Comme l’expliquent la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC, partenaires traditionnellement privilégiés du patronat du conseil, alors que “la formation professionnelle a toujours été un thème relativement consensuel où toutes les parties arrivaient à des positions unanimes”, le Syntec et le Cinov ont déterré la hache de guerre.
Plus précisément, ils ont refusé de signer une convention entre d’une part les institutions paritaires de la branche liées à la formation professionnelle et d’autre part le ministère du Travail. Cette convention ne manquait pourtant pas d’intérêt puisque, d’après les trois syndicats, elle “aurait conduit à un effort budgétaire supplémentaire et destiné à la formation de demandeurs d’emploi pour la branche des bureaux d’études techniques”. Pour les représentants de la CFDT, de la CFE-CGC et de la CFTC, le comportement du Syntec et du Cinov résulte d’une “intrusion de la campagne électorale”. Les deux fédérations patronales miseraient sur le fait que le prochain Président de la République mettra à mal le millefeuille des institutions paritaires françaises.
A ce rythme-là, la branche du conseil pourrait bien faire du surplace pendant longtemps.