Réforme du système de santé : FO craint la mort des hôpitaux et appelle à la mobilisation

Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO

 

Le Premier ministre devait annoncer le 13 février un plan de transformation de l’offre de soins.
La déstructuration sans précédent du tissu hospitalier ne se réglera pas avec une réforme du financement, prévient FO. Les personnels seront dans la rue le 22 mars, jour de la mobilisation de la fonction publique, pour demander des moyens supplémentaires. 

Suppressions de postes et de lits, plans d’économies à répétition, conditions de travail très dégradées entraînant une grande souffrance des personnels : l’hôpital public est « à l’os », avec un déficit inégalé, estimé à 1,5 milliard d’euros pour 2017 et une activité en berne. Avec la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018, les pouvoirs publics imposent 1,6 milliard d’économies dans les hôpitaux publics en 2018. Le regroupement des mille hôpitaux du territoire en 135 groupements hospitaliers de territoire, prévu par la loi Santé de 2016, va conduire à de nouvelles fermetures de lits, de services et d’hôpitaux, avec in fine des suppressions de postes. FO Santé a estimé leur nombre à 20 000. L’annonce d’un plan de restructuration des « métiers et compétences », et la publication prochaine d’un décret autorisant les licenciements de fonctionnaires hospitaliers (lire Focus p. 3) pourraient remettre en cause le statut de ces personnels déjà très malmenés. 

Plus de 1 000 médecins ont signé une lettre ouverte

Les personnels et leurs syndicats manifestent leur inquiétude et leur ras-le-bol. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un conflit n’éclate dans un établissement hospitalier (lire page 3), les hospitaliers ont massivement participé à la grève nationale des Ehpad le 30 janvier et ils seront dans la rue le 22 mars lors de la mobilisation de la fonction publique. Même les employeurs de la Fédération hospitalière de France (FHF) sont montés au créneau en janvier pour dénoncer une situation « dramatique ». Et, fait inédit, plus de mille médecins hospitaliers de l’Hexagone ont signé une lettre ouverte adressée à la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Avec leur démarche, à laquelle s’est associé dès l’origine le Syndicat national des médecins hospitaliers FO (SNMH FO), les signataires alertent la ministre de la Santé sur « la dégradation du service public hospitalier », et sur les grandes difficultés des praticiens à exercer leur métier. Ils dénoncent la « pénurie médicale organisée de longue date », et « un management destructeur ».
La ministre de la Santé cherche-t-elle à éteindre l’incendie qui couve ? « Nous sommes arrivés au bout d’un système », et « une restructuration de nos hôpitaux est indispensable », a affirmé Agnès Buzyn en décembre dans Libération. Le Premier ministre devait annoncer le 13 février un plan de « transformation du système de santé ». Devrait y figurer une réforme de la tarification de l’hôpital, avec une évolution partielle de la tarification à l’activité (T2A) vers un financement au parcours de soins – une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron.
« En portant uniquement notre attention sur le mode de financement, on esquive la question centrale, celle du montant alloué aux hôpitaux. Si l’enveloppe n’évolue pas à la hauteur des besoins, les hôpitaux continueront d’être étranglés, et la qualité des soins va en pâtir », explique Luc Delrue, secrétaire fédéral FO Santé.
Combien l’État est-il prêt à engager pour soigner ses hôpitaux et répondre aux besoins de la population ? C’est aujourd’hui, pour la fédération FO Santé, le véritable sujet. 

 

Un appel à la mobilisation est lancé par FO

 

Les mobilisations se multiplient dans les établissements hospitaliers, révélant une dégradation sans précédent des conditions de travail. 

Au centre hospitalier universitaire de La Réunion (6 500 agents), les personnels et leur syndicat FO ont entamé, le 7 février, une grève illimitée contre un plan de retour à l’équilibre qui prévoit, dans les six établissements dépendant du CHU, la suppression de 155 postes, la fermeture d’une centaine de lits et le non-renouvellement de 1 200 emplois contractuels. FO revendique « un effectif suffisant » pour assurer les « missions de service public ».
Au CHU d’Angers, premier employeur du Maine-et-Loire avec 6 000 agents, les personnels étaient en grève le 23 janvier. Plus de trois cents manifestants ont demandé l’arrêt des suppressions de postes et le remplacement des arrêts de travail. « Avec les effectifs diminués, on pallie le manque, les patients alités qui ont besoin d’être levés attendent des heures, c’est de la maltraitance », témoigne François, aide-soignant dans le service soins de suite, qui fonctionne avec cinq agents le matin au lieu de sept auparavant. 

20 000

C’est le nombre estimé par FO de suppressions de postes dans les hôpitaux avec la mise en place des GHT. 

À Marseille, le syndicat FO de l’AP-HM alerte sur une situation « dramatique » dans les hôpitaux. Un plan de modernisation menace 800 à 1 000 postes, alors qu’un manque d’effectif « génère déjà de réelles difficultés dans la prise en charge des patients », et que 300 postes ont déjà été supprimés dans le cadre d’un plan d’économies prévu jusqu’en 2020.
Aux urgences du nouvel hôpital civil de Strasbourg, après un dialogue infructueux avec la direction, FO avait déposé un préavis de grève pour le 13 février. Revendications : des postes pérennes et la réévaluation des effectifs en fonction de la charge de travail. Le préavis a été levé le 8 février, la direction ayant finalement accepté d’embaucher une infirmière et une aide-soignante. 

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