Réforme des retraites : quels points d’accord entre le gouvernement et les syndicats ?

Il y a une semaine, le gouvernement présentait aux partenaires sociaux les grandes lignes de sa future réforme des retraites. Depuis, les dirigeants des organisations salariales ont eu l’occasion de dire ce qu’ils en pensaient. Ces prises de position permettent de dégager les grands points d’accord entre le gouvernement et certains syndicats de salariés. 

La CGT et FO très critiques

Certains uniquement, en effet, car la CGT et FO sont très critiques vis-à-vis du projet gouvernemental. Pour ces deux organisations, l’unification de l’ensemble des 42 régimes de retraite actuels en un seul régime universel par points aura pour conséquence de baisser le niveau des pensions pour tous les retraités et à plus forte raison encore pour ceux qui n’ont pas eu une carrière professionnelle continue. “Si par exemple on applique les règles de la retraite complémentaire actuelle en points (Arrco-Agirc) à la totalité du salaire, une pension de 1600 euros passerait à 1000 euros” explique ainsi la CGT. FO dénonce pour sa part : “individualisation et incertitude permanente, régime unique et ainsi casse des régimes existants et donc des statuts selon une logique de “déprotection”, menaces sur nos principes de solidarité et d’égalité. La retraite par point c’est le travail sans fin, le régime unique c’est un modèle inique”. 

Le soutien de la CFDT et la CFTC

A l’opposé de ces deux réactions de rejet radical de la réforme, la CFDT et la CFTC ont salué la volonté du chef de l’Etat de respecter sa promesse de réorganiser tout à fait l’architecture de la retraite en France. La semaine dernière, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a ainsi déclaré sur le plateau de BFM TV : “Nous sommes en faveur d’un système universel, qui soit aussi plus lisible et plus juste”. La CFTC souligne elle aussi son soutien à l’unification des régimes de retraite, saluant la création à venir d’un “système universel par répartition qui fera suite aux 42 régimes existants à ce jour. Un système qui devrait apporter à tous (salariés du secteur privé, public, indépendants) les mêmes règles de calcul de droit et les mêmes mécanismes de solidarité”. Ceci étant dit, les tenants du syndicalisme modéré ont posé leurs conditions. 

Les conditions de l’accord

En particulier, la CFDT ne veut pas d’un recul de l’âge légal de départ à la retraite, aujourd’hui fixé à 62 ans. En outre, M. Berger veut que la question de la pénibilité dans la fonction publique et celle de l’impact de la maternité sur la retraite des femmes soient évoquées. De son côté, si la CFTC se félicite du “maintien des pensions de réversion” et du fait que “les droits familiaux” seront “servis désormais au premier enfant”, elle aimerait une réflexion relative à “la prise en compte des aidants familiaux”. Elle affirme par ailleurs qu’elle sera attentive à la redéfinition de la “gouvernance” du futur régime, ainsi qu’au fonctionnement du “dispositif de minimum de pension”. Gageons que le gouvernement saura conserver le soutien de ces deux organisations en se montrant à l’écoute de ces quelques revendications qui ne remettent pas en cause le sens de la réforme qu’il entend mener. 

Des appuis insuffisants ?

Pour l’heure, la CFE-CGC n’a pas encore livré son analyse au sujet des grandes orientations de la réforme des retraites. A priori, il y a toutefois tout lieu de penser qu’elle pourrait se montrer moins enthousiaste que la CFDT et la CFTC – sans toutefois se montrer aussi critique que la CGT et FO. Autrement dit, dans l’état actuel des choses, les appuis syndicaux du gouvernement demeurent limités. Le positionnement très sévère de Force Ouvrière apparaît notamment comme étant problématique pour l’exécutif car il implique un certain équilibre entre soutiens et opposants à la réforme des retraites. De ce point, les malheureux développements de l’affaire du fichier interne à FO pourraient d’ailleurs servir les plans de l’exécutif. Le remplacement de Pascal Pavageau, le patron de FO, par un responsable moins radical, ne constituerait-il pas une excellente affaire pour l’Elysée ? 

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