Réforme des retraites : le gouvernement envisage un report

Un peu plus d’une semaine après avoir présenté sa réforme de l’assurance chômage – qui n’est pas tout à fait passée comme une lettre à la Poste – l’exécutif a mis le cap sur la réforme des retraites.

 

Bien conscient du caractère potentiellement plus explosif de la réforme, il s’orienterait toutefois vers un agenda moins serré qu’escompté a priori

“Quelques semaines” pour le dialogue sur les retraites

C’est le quotidien économique les Echos qui, hier, a affirmé que l’exécutif envisageait très sérieusement de reporter la réforme des retraites de plusieurs mois. Présentée au conseil des ministres à la fin de l’année, elle serait discutée et votée par le Parlement au printemps 2020. Interrogé par France 2, Laurent Pietraszewski, député du Nord et membre de la commission des affaires sociales, a assuré que ce report procédait d’une volonté de dialogue de la part de la majorité : “on transforme tout le système des retraites. Prenons quelques semaines s’il le faut pour mener à bien tous les temps d’échange” a-t-il en effet déclaré. 

Il est vrai que passablement irrités par la manière dont a été menée la réforme de l’assurance chômage, les syndicats de salariés n’entendent pas se laisser avoir aussi facilement dans le domaine des retraites. Le patronat, pour sa part, ne semble lui aussi que fort moyennement enchanté par les projets gouvernementaux pour les retraites – comme en témoigne par exemple le contre-projet de réforme porté par la CPME, qui repose notamment sur un maintien de régimes complémentaires au-delà du PMSS. 

Des intentions moins avouables

Quoi qu’en dise la majorité, il faut bien reconnaître que le report de la réforme des retraites s’apparente bien plus à un repli stratégique qu’à un temps donné au dialogue. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir, Emmanuel Macron se distingue d’ailleurs relativement peu par son goût pour le dialogue, notamment dans le domaine des réformes sociales. En réalité, si le gouvernement devait reporter de plusieurs mois la réforme des retraites, ce serait uniquement afin de ne pas braquer inutilement les Français, à un fort mauvais moment. 

Inutilement, d’une part, car les mesures qui seront contenues dans le prochain PLFSS au sujet de l’assurance vieillesse devraient se traduire par des économies importantes sur le poste des dépenses de retraite. Ceci rendrait moins urgent la mise en place de la réforme des retraites. A un fort mauvais moment, d’autre part, car après la défaite subie par la majorité lors des élections européennes, le Président de la République préfère probablement éviter d’engager avant les élections municipales une réforme des retraites aux effets politiques difficiles à anticiper. 

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