Protection des données personnelles : deux apports instructifs du dernier décret

Cet été est paru un décret volumineux destiné à modifier certaines dispositions relatives à la protection des données personnelles. Le texte a été signé à la suite du vote de la loi du 20 juin 2018 qui modifie la loi relative à l’informatique et aux libertés pour l’adapter au RGPD (règlement général relatif à la protection des données). 

Le décret signé le 1er août 2018 et paru le 3 août 2018 apporte son lot de modifications de formes et de nouveaux renvois (dont nous avons déjà étudié le contenu s’agissant de l’accès aux données personnelles de santé), mais certaines dispositions nouvelles méritent d’être connues, d’autant plus que l’avis rendu par la CNIL n’est pas exempt de critiques. 

 

Les dérogations au signalement des violations de données personnelles critiquées par la CNIL

En principe, toute violation de données à caractère personnel doit être communiquée par le responsable du traitement à la ou les personnes concernées, dès lors que cela crée un risque élevé pour leurs droits et libertés. C’est ainsi que la règle est posée par l’article 34 du RGPD. 

Cependant, le décret qui vient de paraître crée un article qui liste les traitements qui peuvent déroger à cette obligation de signaler une violation de données personnelles (voir l’article 27 du décret). Ils sont de deux catégories. 

La première concerne les traitements qui permettent d’identifier, directement ou indirectement, des personnes dont l’anonymat est protégé telles que des « fonctionnaires de la police nationale, de militaires, de personnels civils du ministère de la défense ou d’agents des douanes appartenant à des services ou unités désignés par arrêté du ministre intéressé » d’après l’avis de la CNIL. La CNIL approuve cette dérogation qui « apparaît nécessaire et proportionnée pour garantir la sécurité nationale, la défense nationale et la sécurité publique« . 

La seconde dérogation est moins évidente car elle vise tous les traitements de données « de gestion administrative, financière et opérationnelle » et « les traitements de données de santé » sans plus de précisions. La CNIL critique cela et considère que les catégories de traitement visées ne sont pas assez décrites, laissant planer une grande ambiguïté et une forte interprétation du texte. Elle alerte sur le caractère non exhaustif des critères donnés par le décret qui ne permettent pas de délimiter strictement le champ de la dérogation. 

Le transfert de données personnelles hors de l’UE réécrit par décret

Le décret réécrit entièrement les dispositions relatives au transfert de données personnelles hors de l’UE (voir l’article 24 du décret) car elles sont toutes prévues par le chapitre V du RGPD. Il semble que des modifications aient été apportées entre le projet de décret et le décret finalement publié. En effet, dans son avis, la CNIL a formulé des propositions afin de préciser comment elle, ou la personne concernée, est informée du projet de transfert de données. La CNIL a également proposé d’ajouter des mesures relatives à la possibilité qui lui est offerte d’éditer des formulaires explicatifs. 

Le décret final a pris en compte les remarques de la CNIL car il précise que cette dernière peut éditer des modèles d’informations et annexes qui doivent lui être communiqués lorsque le responsable du traitement transfère des données personnelles dans un pays n’appartenant pas à l’UE. 

 

Le texte du décret est majoritairement dédié à une réécriture similaire à ce que prévoit le RGPD. Il est intéressant de le lire en ayant à l’esprit les commentaires de la CNIL pour voir quels points sont susceptibles d’évoluer davantage. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Nicolas Desormiere (MH) : la garantie aidants, nouvelle corde de la prévoyance CCN

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #3 : les enjeux de la rentrée de septembre 2025

Lancer la vidéo

PLFSS 2026 : rejet du socle solidaire et responsable par la ministre Amélie de Montchalin

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #2 : le point sur la santé des HCR et la prévoyance des Services à la personne

You May Also Like

Bruno Angles rejoint le cabinet Oliver Wyman

Le précédent directeur général de l'AG2R La Mondiale, Bruno Angles, va rejoindre les équipes du cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman. Notamment actif dans les domaines spécialisés des infrastructures publiques, de la finance, les transports et de la gestion des risques, ce cabinet américain est une entité du géant mondial du courtage Marsh. Bruno va y occuper la fonction de senior advisor. ...

Avis d’extension d’un avenant de prévoyance dans la CCN de l’import-export et du commerce international

Le ministre du travail et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 12 décembre 2025, les dispositions de l’avenant du 13 novembre 2025 à l'accord du 19 janvier 2004 relatif au régime de prévoyance, conclu dans le cadre de la convention collective nationale de l’import-export et du commerce international (IDCC 43). ...