Pénuries de médicaments : la CGT réclame des relocalisations

Cette article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés CGT.

La pandémie a révélé les conséquences des délocalisations et de la désindustrialisation du secteur pharmaceutique. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) la pénurie a concerné 2 400 médicaments en 2020. C’est 6 fois plus qu’en 2016. Dans ce contexte, il est urgent de relocaliser la production. 

Projet de nouvelle entité européenne appelé « Pluton », Sanofi ne détiendrait que 30 % des parts et d’ores et déjà des sites Français seraient menacés

Au sortir du premier confinement, Emmanuel Macron avait annoncé le déblocage de 200 millions d’euros afin de relocaliser en France la production de médicaments. Quelques mois après ces déclarations d’intention, on constate que la restructuration du secteur est toujours en ordre de marche. 

Dans son projet de nouvelle entité européenne appelé « Pluton », Sanofi ne détiendrait que 30 % des parts et d’ores et déjà des sites Français seraient menacés dans un horizon très proche. 

Notre organisation a été informée fin octobre que Sanofi cache une troisième phase au projet Pluton, le projet Alastor. « Le projet Alastor visera le carve-out des sites de chimie français hors IPO à l’horizon 2023 ou l’annonce de leur fermeture pour l’horizon 2024. Dans le contexte à venir de Pluton, le projet Alastor doit demeurer d’une extrême confidentialité », peut-on lire dans un « memo confidentiel social » adressé au responsable des affaires industrielles et au Président de Sanofi France. 

Cela laisse peu de doute quant à sa volonté de se débarrasser à terme de la production de principes actifs hexagonaux jugés pas assez rentables pour un groupe qui a « bien encaissé » la première vague du Covid 19 avec une distribution de près de 4 milliards de dividendes à ses actionnaires. 

Pour lutter contre ce plan de désindustrialisation, la CGT Sanofi a appelé à la grève le 19 janvier.

La CGT demande l’abandon du projet Pluton, suivi de la mise en œuvre d’un projet de relocalisation et réinternalisation de la production de principes actifs

Relocaliser est une urgence. D’année en année, la France est de plus en plus dépendante du reste du monde pour produire ses médicaments, 80% des principes actifs, les composants essentiels du produit sont fabriqués hors de l’Union européenne, dont 60% en Chine et en Inde. 

La pandémie a révélé les conséquences de ces délocalisations : des médicaments essentiels, notamment ceux utilisés pour la réanimation, ont été touchés par des pénuries. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ces pénuries ont touché 2 400 médicaments en 2020 et concernent en majorité des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). C’est six fois plus qu’en 2016. 

Cette situation est la conséquence directe de la désindustrialisation et des délocalisations : en 10 ans, près de 10 000 emplois ont été supprimés en France dans l’industrie pharmaceutique

Le site de Roussillon, en Isère, dernière usine européenne de fabrication d’acétaminophène (Apap), la matière active du paracétamol, a fermé en 2008, le propriétaire Rhodia arguait ne plus pouvoir rivaliser avec ses concurrents chinois. Seqens, désormais propriétaire du site, s’est engagé à rapatrier sa production de principes actifs en France, avec l’aide de l’État. 

“Alors que Rhodia a déjà ponctionné l’argent public, prétextant des difficultés financières à l’époque, pour délocaliser la production, les acteurs privés d’aujourd’hui, parmi lesquels Seqens, propriétaire actuel des installations en Isère, pourraient bien être tentés de réclamer à nouveau de l’argent public, cette fois-ci pour relocaliser ce qu’ils avaient délocalisé auparavant”, alertait la Fnic (Fédération nationale des industries chimiques) en août. 

L’indépendance thérapeutique ne devrait pas être ainsi livrée aux mains du privé. Depuis plusieurs années maintenant, la CGT revendique la création d’un pôle public du médicament.  

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Avis d’extension d’un accord à la CCN des télécommunications

La ministre du travail, de la santé et des solidarités envisage d’étendre, par avis publié le 3 mai 2024, les dispositions de l’accord du 22 mars 2024 relatif à l'insertion professionnelle et maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des télécommunications (IDCC...