Pas plus tard qu’hier, nous faisions état des propos tenus en fin de semaine dernière par Emmanuel Macron au sujet du bonus-malus sur les contrats courts qu’il souhaite voir apparaître dans l’accord sur l’assurance chômage en cours de négociation.
Comme ceci était prévisible, ces propos ont très fortement irrité les représentants du patronat français, qui ont même suspendu la négociation chômage.
Une négociation jugée déloyale
Durant la journée d’hier, chacune à leur tour, les trois principales confédérations patronales : Medef, CPME et U2P, ont publié un communiqué de pressé dénonçant le caractère déloyale de la négociation sur l’assurance chômage actuellement en cours et annonçant qu’elles n’entendaient plus y participer jusqu’à nouvel ordre.
Après avoir rappelé que le patronat s’apprêtait, le 31 janvier, à proposer des solutions alternatives au bonus-malus, le Medef fait état de l’attitude du chef de l’Etat, qui “vient d’intervenir publiquement, semblant indiquer que le bonus-malus se mettra en place, et ce quel que soit le résultat de la négociation”. Le Medef en tire la conclusion que la poursuite de la négociation n’est pas envisageable pour l’heure : “Dans ces conditions, le Medef constate qu’il n’est pas en situation de poursuivre la négociation sans une clarification préalable du Gouvernement sur la suite qui serait donnée à un accord entre partenaires sociaux.”
Développant un argumentaire similaire, l’U2P arrive au même résultat : “l’U2P considère que la réunion paritaire du 31 janvier ne peut pas se tenir et demande au gouvernement de clarifier sa position”. La CPME se permet au passage un jugement plus général – et plus sévère – à l’égard de M. Macron : “sur la forme, tout se passe comme si le chef de l’Etat faisait tout pour que la négociation en cours échoue”.
La négociation chômage mal en point
Certes, dans l’état actuel des choses, le Medef, la CPME et l’U2P n’ont annoncé qu’une suspension de leur participation à la négociation sur l’assurance chômage, c’est-à-dire, en réalité, une suspension de la négociation elle-même. Ceci étant dit, il est tout à fait possible que cette suspension conduise à un constat d’échec de la négociation.
Depuis le départ, la feuille de route qui leur a été imposée par l’exécutif étant ce qu’elle est, syndicats et patronat ont le plus grand mal à entrer dans le vif du sujet de la négociation. Les premiers ne veulent pas d’un accord se traduisant par des économies massives – de 3 à 4 milliards d’euros, rappelons-le – réalisées sur le dos des chômeurs, tandis que les premiers ne veulent pas plus de l’instauration d’un bonus-malus sur les contrats courts. En somme : s’il est vrai que tout le monde autour de la table veut éviter que l’Etat mette la main sur l’Unédic, personne ne veut toutefois assumer le coût de son maintien dans le giron paritaire.
Dans cette configuration, il est plus que jamais possible qu’Emmanuel Macron reprenne en main le dossier de l’assurance chômage. La situation sociale et politique du pays demeurant difficile, il n’est pas certain qu’il lui faille nécessairement se réjouir de cette perspective.