Aujourd’hui, mardi 12 septembre, les salariés français sont appelés par la CGT, Solidaires et la FSU, à se mettre en grève et à manifester contre les ordonnances portant réforme du Code du Travail. Que cette journée de mobilisation en vienne ou non à être qualifiée de “réussie”, elle a toutes les chances d’être la première manche d’un long bras de fer social.
Une première journée de mobilisation
La CGT, Solidaires et la FSU sonnent donc le tocsin de la mobilisation sociale. S’opposant à la réforme du Code du Travail promue par le gouvernement, les trois confédérations syndicales invitent les salariés à se mettre en grève et à battre le pavé. Si les dirigeants de FO, de la CFDT, de la CFTC et de la CFE-CGC ne s’associent pas à ce mot d’ordre, il faut néanmoins s’attendre à ce que des militants issus de ces organisations le fassent. Ainsi, une bonne moitié des fédérations et des unions départementales de Force Ouvrière a décidé de faire sa rentrée sociale aujourd’hui. Dans ces conditions, il faut s’attendre à ce que les défilés soient moins monocolores et plus fournis qu’on ne pouvait l’imaginer il y a encore une dizaine de jours.
Certes, le pays ne sera pas bloqué, loin s’en faudra. Qui, en vérité, s’en étonnera ? Les premières journées de mobilisation sociale donnent rarement lieu à des appels à la grève massivement suivis et à des manifestations monstres. N’ignorant pas cette règle, l’exécutif ne devrait pas moins en conclure, ce soir, à un “échec” du mouvement de grogne. Il est vrai que la conjuration des “fainéants”, des “cyniques” et des “extrêmes” ne saurait l’emporter face aux gouvernants qui, comme tout le monde le sait, sont à l’image des bons travailleurs : francs et pondérés. Le gouvernement serait pourtant bien inspiré de ne pas enterrer trop vite la contestation engendrée par sa réforme importante du Code du Travail.
Un mouvement qui s’installe
Annonçant près de 4000 appels à la grève et plus de 180 manifestations, la CGT n’a pas attendu de savoir combien de personnes auront réellement défilé dans les rues avant de donner une suite à cette journée du mardi 12 septembre. La centrale de Montreuil a d’ores et déjà appelé à une nouvelle journée de mobilisation dans à peine plus d’une semaine, le jeudi 21 septembre. Rappelons que cette seconde journée sera suivie, samedi 23 septembre, d’une troisième, initiée cette fois-ci par la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Cette dernière journée pourrait d’autant plus faire recette qu’y participer n’impliquera pas de se mettre en grève. A peine engagée, la contestation des ordonnances du Président de la République s’installe dans la durée.
Dans une telle situation, la partie de l’exécutif pourrait rapidement s’avérer délicate. Il est en effet difficile d’imaginer que les dirigeants de FO, de la CFDT et de la CFE-CGC, voire de la CFTC – critiques, à des degrés divers, à l’égard des ordonnances – continueront à se tenir à l’écart d’un mouvement social s’installant dans la durée alors même que des éléments issus de leur base y participent activement. Il leur faudra nécessairement se positionner. De la même manière, sauf à abandonner le terrain aux troupes de M. Mélenchon et afin d’en profiter pour se reconstruire politiquement, l’aile gauche du défunt Parti Socialiste pourrait rapidement être tentée de s’engager plus clairement contre le projet de réforme gouvernemental.
De nombreux motifs de contestations
Le jeu de ces opposants divers et variés est largement facilité par l’exécutif lui-même. L’arrogance et le racisme social – seule forme de racisme qui semble acceptable en France – dont Monsieur Macron fait preuve ne jouent évidemment pas en sa faveur. La multiplication des chantiers de réformes non plus. Réaffirmant sa volonté de soumettre la France à l’agenda bruxellois, le Président de la République a rappelé, alors même que se préparait la journée de mobilisation d’aujourd’hui, qu’il entendait bien réformer le statut des cheminots, l’assurance chômage et le système des retraites. Ces annonces s’ajoutent à celles relatives aux coupes budgétaires multiples : collectivités, armées, universités notamment, ou encore au flou entretenu quant au chassé-croisé cotisations sociales/CSG qui aura lieu l’an prochain.
Ces nombreux motifs de contestations sociales tiendront le pays en haleine durant les prochains mois. Soit à peu près le temps nécessaire aux ordonnances pour entrer de fait en vigueur. Les premiers accords d’entreprises négociés et signés sans aucune présence syndicale et remettant en cause certaines dispositions avantageuses des conventions collectives – en termes de rémunération, de primes ou d’organisation du travail en particulier – ne manqueront en effet pas de voir le jour dès la fin de l’automne et durant l’hiver. Les salariés comprendront alors un peu mieux la réalité des ordonnances Travail.
Les “fainéants”, les “cyniques” et les “extrêmes” n’ont pas fini de faire parler d’eux.