Le voilà ! Le tant attendu protocole national censé encadrer le port du masque en entreprise et définissant les mesures à mettre en oeuvre pour faire face à l’épidémie de coronavirus. C’est sans véritable gêne que le ministère du travail, sous la houlette d’Elisabeth Borne depuis le remaniement, a rendu public le protocole à quelques heures de son entrée en vigueur officielle.
Toutes les entreprises sont donc supposées connaître et respecter ce protocole sanitaire “coronavirus” dès aujourd’hui. Une précipitation (pour ne pas dire désorganisation) peu appréciée de l’organisation d’employeurs CPME qui l’a fait savoir hier dans un communiqué. Et ce n’est pas une “semaine de bienveillance” supplémentaire, confirmée par Laurent Pietraszewski (secrétaire d’Etat auprès d’Elisabeth Borne) qui change la donne.
"Une semaine de bienveillance" sera accordée aux entreprises pour mettre en place le port du masque obligatoire, explique Laurent Pietraszewski sur #RTL https://t.co/yE2oA8dDz3
— RTL France (@RTLFrance) August 31, 2020
Le port du masque intermittent en entreprise : nouvelle variable d’ajustement incontrôlable
Le protocole sanitaire qui vient de sortir est nouveau casse-tête pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Le principe de port du masque intermittent fait son apparition comme une variable d’ajustement en fonction des situations particulières en entreprise. Pour permettre de s’y retrouver, un tableau présent en annexe 4 du protocole propose 7 situations dans lesquelles le port du masque intermittent est possible. Parmi ces situations on trouve : la mise à disposition de visières pour les salariés, l’existence d’écrans de protection entre les postes de travail, ou encore l’existence d’une extraction d’air haute fonctionnelle et proportionnelle au volume et à la fréquentation de la pièce.
Cette grille de situations doit être lue en fonction du niveau d’alerte du département dans laquelle l’entreprise se situe. Ce niveau d’alerte est (évidemment) différent des taux d’incidence du coronavirus officiellement publiés par Santé Publique France. Pour comprendre tout cela il faut donc jongler entre les pages 6 et 7 du protocole sanitaire et les informations délivrées par Santé Publique France. Il aurait été tellement plus simple de proposer une page internet dédiée qui montre simplement dans quel niveau se situe chaque département. Mais non, le ministère du travail préfère créer un nouveau raisonnement labyrinthique dont l’administration a le secret, pour le plus grand bonheur des entreprises.
Une fois que le chef d’entreprise, ou les services RH, auront réussi à décrypter le protocole, ils devront prévoir l’encadrement du port du masque intermittent… On se demande bien comment le respect du réel aspect “intermittent” pourra être contrôlé et vérifié, à moins de placer une caméra derrière chaque salarié. On peut déjà anticiper les prochains contrôles de l’inspection du travail qui, elle, ne manquera pas de faire du zèle.