Cet article provient du site du syndicat FO.
Une manifestation nationale pour sauver l’usine GM&S de La Souterraine dans la Creuse était organisée sur place ce 16 mai après-midi, à l’appel notamment de FO. Le 23 mai, est prévue la fin de la période d’observation de l’entreprise. Il sera alors décidé de sa liquidation si les conditions pour la poursuite de l’activité ne sont pas réunies, ce qui est malheureusement encore le cas aujourd’hui, à une semaine de la date fatidique, PSA et Renault refusant de s’engager à passer des commandes supplémentaires.
On ne lâche rien !
, scandaient les 2 000 à 3 000 manifestants cet après-midi à La Souterraine. Le cortège est parti de l’entreprise GM&S pour se rendre à la mairie.
Alors que les salariés occupent l’usine depuis une semaine, PSA et Renault, les principaux donneurs d’ordre de GM&S, entreprise sous-traitante de l’industrie automobile, refusent toujours de s’engager à augmenter autant que nécessaire le volume de leurs commandes.
Alors que leurs besoins en pièces détachées (spécialité de GM&S) n’ont pas diminué, ils préfèrent continuer à privilégier la sous-traitance à l’étranger, où le coût du travail est plus faible.
Face à cette absence d’engagement viable de la part des deux principaux donneurs d’ordres, seul un repreneur s’est manifesté, le groupe GM&D, et encore par une simple lettre d’intention et non un engagement ferme, évoquant le maintien de 90 emplois seulement sur les 277 actuels.
Et si la Région a débloqué 1,7 million d’euros depuis le placement en redressement judiciaire de l’entreprise le 2 décembre dernier, qui ont notamment servi à payer les salaires, cela ne peut bien évidemment en aucun cas constituer une solution pérenne.
Pourtant, cette usine, qui a fait travailler jusqu’à 600 salariés dans les années 90 reste le deuxième employeur privé du département.
« La destruction des emplois, c’est ça qui est violent »
Pour un emploi perdu dans l’entreprise, il faut en compter quatre de plus qui vont disparaitre autour. Ce serait une catastrophe pour tout le bassin d’emploi
, indique Fred Dupuy, secrétaire du syndicat FO dans l’usine. Répondant à ceux qui montrent du doigt les salariés de GM&S qui ont menacé de détruire l’usine, il ajoute : la destruction des emplois, c’est ça qui est violent. C’est la mort sociale. Aujourd’hui on ne sait pas retenir l’emploi en France alors que ces entreprises font vivre des générations de familles entières, en particulier dans les zones rurales.
Sébastien Trocellier, secrétaire général de l’Union départementale de la Creuse, particulièrement investie dans la défense de GM&S depuis plusieurs mois, souligne : nous sommes intervenus à plusieurs reprises auprès des pouvoirs publics, mais rien n’a été fait à ce jour
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Il se félicite du soutien apporté à la manifestation d’aujourd’hui par de nombreuses structures de FO, unions départementales et fédérations qui ont répondu à son appel.
L’enjeu dépasse en effet la dimension locale, le résultat des courses pouvant être emblématique des choix du nouveau gouvernement en matière de politique industrielle.
740 000 euros au titre du CICE…
Ce dernier redressement judiciaire est le troisième en dix ans et le deuxième en quatre ans.
Une accumulation de désastres due notamment au choix de PSA et de Renault de multiplier des entreprises sous-traitantes à l’étranger, et aussi à une stratégie souvent plus financière qu’industrielle de la part des repreneurs, comme le dénonçaient déjà en 2013 les syndicats, dont FO, reçus par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg.
Mais rien n’a changé et le dernier repreneur en date a empoché 740 000 euros au titre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), avant de prendre le large à son tour.
L’ensemble des parties s’est réunie hier, 15 mai, sous la houlette du Préfet, M.Philippe Chopin, qui a repris le dossier en urgence, passation de pouvoir oblige, dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement.
« Il faut l’engagement des hommes politiques » pour une véritable politique industrielle
La discussion, qui a pourtant duré six heures, n’a débouché sur aucune avancée susceptible de débloquer la situation.
L’ensemble des participants, y compris PSA et Renault sont toutefois tombés d’accord sur la nécessité de demander la prolongation de la période d’observation au-delà du 23 mai.
Le Préfet a par ailleurs assuré que le dossier est bien sur le bureau du nouveau président de la République et du nouveau ministre de l’Industrie qui devrait être nommé d’ici demain, 17 mai.
Pour les responsables FO, l’État doit lui aussi cesser de se désengager et jouer enfin son rôle en veillant à ce que les industriels adoptent une stratégie industrielle qui réponde aux intérêts de l’emploi.
David Gunther, délégué syndical FO, explique : il faut maintenant absolument une rencontre entre les organisations syndicales et le Premier ministre et le ministre de l’Industrie, les deux en personne. Il faut faire émerger une solution pérenne pour l’entreprise et les salariés et pour cela il faut l’engagement des hommes politiques.
Laurent Smolnick de la fédération des Métaux souligne : il faut trouver un accord avec les constructeurs pour des volumes supplémentaires de commandes, avec des partenariats possibles, de façon à construire des solutions solides dans le temps, histoire de ne pas recommencer dans deux ans
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