Cette publication provient du site de l’organisation d’employeurs U2P
L’U2P réalise tous les ans au premier semestre un baromètre de l’embauche dans les entreprises de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales, en partenariat avec l’institut I+C. Cet outil esquisse des tendances de fond, met en lumière ce qui freine ou au contraire encourage l’emploi et la croissance, et permet d’évaluer dans le temps l’impact des politiques publiques.
DES NIVEAUX D’EMBAUCHE EN BAISSE
Au premier semestre 2018, parmi les entreprises ayant déjà au moins un salarié, 16 % ont embauché, contre 22 % un an plus tôt. Malgré une chute de 9 points, le secteur qui recrute le plus reste l’hôtellerie-restauration (25 %), juste devant les travaux publics, en baisse de 1 point (24 %).
La baisse touche tous les secteurs à l’exception de l’artisanat de la fabrication, en hausse de 6 points à 20 % et de l’artisanat des services, stable à 13 %.
Si on élargit le périmètre à l’ensemble des entreprises, y compris celles qui n’ont pas de salarié, la baisse est beaucoup plus contenue : 7 % ont recruté au premier semestre 2018, contre 9 % au premier semestre 2017.
Les intentions d’embauche pour le 2e semestre sont par ailleurs stables (11 %), preuve que les chefs d’entreprise artisanale, commerciale ou libérale demeurent lucides quant aux aléas de leur activité. C’est dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration (17 %), de l’artisanat des travaux publics et de l’artisanat des services (16 %) que les projets de recrutement sont les plus importants.
Pour expliquer l’absence d’embauche, 71 % des entreprises invoquent une volonté de ne pas augmenter les effectifs, loin devant l’insuffisance de l’activité (26 %). Un niveau élevé qui peut s’expliquer par l’inquiétude des chefs d’entreprise de proximité face à la perspective de nouvelles contraintes comme le prélèvement de l’impôt par les entreprises à compter de janvier 2019, ou par une forme de défiance à l’égard des politiques publiques.
UNE FORTE PROPORTION DE CDI ET DE FORMATIONS EN ALTERNANCE
Le CDI repart franchement à la hausse et redevient le contrat majoritaire : il concerne 54 % des embauches effectives contre 45 % l’an passé, tandis que la proportion de CDD est passéede50 %au premier semestre 2017 à 41 % au premier semestre 2018. Des chiffres largement supérieurs à la moyenne nationale : 87 % des contrats signés en France en 2017 étaient des CDD. Un constat qui démontre le rôle prépondérant de l’économie de proximité dans la création pérenne d’emplois partout sur le territoire.
Les contrats en alternance (apprentissage et professionnalisation) ont représenté 4 % des embauches ce semestre, comme il y a un an, mais représentent 21 % des intentions d’embauche pour le deuxième semestre 2018.
On peut y voir une preuve d’optimisme des chefs d’entreprise devant la volonté affichée par le gouvernement d’encourager et de développer l’apprentissage, notamment à travers la loi Avenir professionnel. Le recours au temps partiel recule dans la totalité des secteurs d’activité, excepté l’artisanat du bâtiment, et s’établit à 25 % au premier semestre 2018 contre 31 % au 1er semestre 2017.
DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT QUI PERSISTENT
Les difficultés de recrutement que rencontrent 23 % des entreprises ce semestre, contre 30 % au premier semestre 2017, mettent en lumière des phénomènes endémiques : 70 % des entreprises ayant eu du mal à recruter évoquent des problèmes de qualification, et 63 % l’absence de candidature… Un comble, alors que le chômage demeure à un niveau élevé dans le pays. Ce déficit d’attractivité s’explique en partie par la priorité donnée à l’enseignement général, au détriment des métiers de l’économie de proximité où les opportunités sont pourtant plus nombreuses.
Selon Alain Griset, président de l’U2P : « La confiance est plus que jamais la clé en cette période de croissance fragile. Nous avons démontré notre capacité à créer des emplois pérennes à forte valeur ajoutée, à former des compétences pour l’avenir et à être un moteur économique des territoires. Mais attention à ne pas envoyer de signes contradictoires à nos entreprises avec d’une part une plus grande flexibilité et d’autre part la remise en cause des taux réduits de TVA ou la contrainte du prélèvement à la source. »