L’OIT dresse un bilan de l’état mondial du dialogue social

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFE-CGC.

Dans un rapport publié le 5 mai, l’Organisation internationale du travail dresse un état des lieux planétaire de la négociation collective et évoque les nouveaux défis à relever par les syndicats.

Un panorama mondial de la négociation collective et des syndicats : c’est ce que vient de publier dans un rapport (consultable ici) l’Organisation internationale du travail (OIT). Nombre d’adhérents, comparaisons nationales, nouveaux enjeux, bilan social de la crise Covid : tout est passé au crible par les experts de Genève.

Sur le plan des effectifs, l’OIT constate que les syndicats sont « parmi les plus grandes organisations au monde à adhésion volontaire ». Ils représentent 195 millions de salariés actifs, 40 millions de retraités et de personnes au chômage, 16 millions de travailleurs indépendants. Le taux de syndicalisation global est de 16,8 % chez les salariés d’Europe occidentale (dont la France), nettement derrière les autres parties du globe : 33,1 % en Europe du Nord, 28,1 % en Afrique du Sud, 24,5 % en Europe de l’Est, 22,2 % en Europe du Sud, 20,7 % en Afrique du Nord, 18 % en Afrique occidentale et 17,8 % en Extrême-Orient.

LE RÔLE FONDAMENTAL DES CONVENTIONS COLLECTIVES DURANT LA CRISE COVID

Autre focus : les conventions collectives. « Dans 98 pays, plus d’un tiers des salariés voient leurs conditions de rémunération et de travail régies par une ou plusieurs conventions collectives », recense l’OIT. Ce taux de couverture va de 75 % des salariés dans de nombreux pays européens et en Uruguay à moins de 25 % dans environ la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles. L’importance des accords de branche est soulignée : dans 10 des 14 pays où les conventions collectives concernent plus de 75 % des salariés, cette couverture réglementaire est renforcée par des « mesures d’application collective » qui peuvent s’appliquer à toutes les entreprises d’un secteur.

Le rapport note que durant la crise du Covid, « les conventions collectives ont répondu à la nécessité d’assurer la continuité des services dans les soins de santé et l’aide sociale ». Elles ont joué dans de nombreux pays « un rôle important dans la mise en œuvre des mesures de maintien dans l’emploi patronnées par les pouvoirs publics : activité partielle, chômage partiel, subventions salariales, dispositifs de mise en congé. »

QUELS ENJEUX POUR LES SYNDICATS ?

Les experts de l’OIT listent par ailleurs les grands défis que doivent relever les organisations syndicales.

• Représentation des intérimaires, CDD, précaires
De nombreux syndicats en Europe, souligne l’OIT, ont entrepris des campagnes ciblant les travailleurs en CDD et en situation précaire : agents de sécurité en Allemagne, travailleurs de centres d’appels en Autriche, salariés de fast-foods et de centres commerciaux en France… Le syndicat allemand des métallurgistes, IG Metall, a lui lancé une campagne « Travail égal – Salaire égal » au cours de laquelle de nombreux intérimaires ont rejoint ses rangs.

• Représentation des travailleurs migrants
« Depuis 2000 environ, les syndicats de plusieurs pays d’Europe occidentale (Belgique, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni) sont devenus actifs dans la représentation et la défense des droits des travailleurs migrants », constate l’OIT. L’organisme cite une étude récente montrant que les travailleurs migrants en Europe ainsi que les migrants d’Europe de l’Est vers l’Europe occidentale placent un niveau élevé de confiance dans les syndicats de leur pays de destination, y compris ceux qui ont des opinions sceptiques sur les syndicats de leur pays d’origine.

• Représentation des travailleurs des plateformes
Les syndicats ont gagné des procès importants pour que les travailleurs des plateformes soient requalifiés en salariés. En décembre 2021, par exemple, la Cour suprême de l’Inde a examiné une requête déposée par un syndicat représentant 20 000 livreurs réclamant la sécurité sociale. En septembre 2021, IG Metall et des syndicats autrichiens et suédois ont persuadé neuf plateformes de signer un code de bonne conduite.

• Représentation des jeunes
« Les syndicats font face à une crise existentielle, cite l’OIT : soit ils recrutent de nouveaux jeunes membres en nombre considérable, soit dans quelques décennies ils n’existeront plus en tant qu’organisations de masse. » D’où toute une série d’initiatives figurant dans le rapport, comme aux États-Unis la coalition Young Workers United ; en Italie, le mouvement « San Precario » ; en Espagne « Juventud sin Futuro », un mouvement qui dénonce la situation précaire des jeunes.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pourriez aussi aimer

L’EIOPA accueille son nouveau directeur exécutif

Le conseil d'administration de l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP ou EIOPA en anglais) vient de nommer son nouveau directeur exécutif. C'est Damian Jaworski qui est nommé à ce poste. Il doit encore être confirmé par le Parlement européen avant de prendre ses fonctions le 1er avril 2026. D'après le ...
Lire plus

L’Insee nous dit tout sur les seniors en perte d’autonomie à l’horizon 2070

La courbe démographique en France ne cesse de marquer le vieillissement de la population, entrainant par la même occasion l'augmentation du nombre de seniors en situation de perte d'autonomie. L'Insee et la Drees publient une étude commune qui montre que cette croissance sera forte jusqu'aux années 2045-2050 avant une stagnation à l'horizon des années 2070. ...

L’examen du PLFSS 2026 reporté au lundi 27 octobre

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (PLFSS 2026) devait être examiné en commission des affaires sociales à partir du jeudi 23 octobre 2025. Mais une lettre rectificative concernant l'insertion de la suspension de la réforme des retraites dans le texte impose de revenir à zéro. Le tout nouveau PLFSS 2026 doit donc être réexaminé en conseil des ministres et redéposé à l'Assemblée nationale. Conséquence directe : tout le processus est à...