Loi asile et immigration : des syndicats plus unis que pour la cause des salariés français

A l’occasion des débats relatifs à l’adoption de la loi dit “asile et immigration”, plusieurs confédérations syndicales de salariés : Solidaires, la CGT, la CFDT et l’Unsa, ont fait savoir tout le mal qu’elles pensaient de ladite loi. Leur unanimité sur le sujet tranche curieusement avec leur incapacité à s’unir dès lors qu’il est question de prendre la défense des salariés français. 

Unité pour l’immigration

Il n’est, certes, guère étonnant que Solidaires et la CGT se soient prononcés tout à fait contre le projet de loi gouvernemental sur l’asile et l’immigration. Signataire d’une tribune publiée dimanche dernier par Libération, Solidaires ne perd aucune occasion de dénoncer le projet de loi – comme en témoigne le site internet de l’organisation. La CGT, pour sa part, s’est fendue, mardi 17 avril, d’un communiqué où elle dénonce vivement le projet. Estimant qu’il est “marqué par la suspicion vis-à-vis des migrants, la pénalisation et est attentatoire aux libertés fondamentales”, elle fustige le choix de gouvernement de “renforcer la vulnérabilité des individus”, “comme sur d’autres sujets d’actualité” ajoute-t-elle. La CGT conclut en affirmant qu’elle “s’engagera avec toutes les voix qui revendiquent un accueil digne des migrants et les mêmes droits pour tous les travailleurs et travailleuses”. 

Autrement dit : dans ce domaine, elle promet de se mobiliser aux côtés de la CFDT et de l’Unsa. Généralement conciliants à l’égard des dirigeants de l’Etat, les responsables de ces deux organisations se sont en effet montrés sévères avec la réforme de la politique migratoire de la France. Dans un document destiné aux parlementaires et diffusé dans la presse, la CFDT a estimé que cette politique connaissait une “dérive dangereuse” et s’avérait “de plus en plus contraire aux valeurs fondamentales de la société française”. Sur le fond, la CFDT a estimé que la “fermeté” en matière d’immigration était une attitude “incantatoire et irréaliste”. Tout aussi critique, l’Unsa a fustigé un projet de loi comprenant “des dispositions […] attentatoires aux droits et libertés des étrangers” et mettant “en péril l’effectivité du droit d’asile et les garanties qui lui sont attachées”. 

Des nationaux sur leur faim

Bien évidemment, les beaux esprits n’ont pas dû manquer de se féliciter de cette belle unité syndicale au sujet de l’accueil des immigrés et des demandeurs d’asile – ces deux catégories tendant, soit dit en passant, à se confondre de nos jours… S’il est vrai que FO, en plein congrès et peu habituée à s’exprimer sur des enjeux politiques, la CFTC et la CFE-CGC ont préféré ne pas s’aventurer, dans l’immédiat, sur le terrain de la critique de la politique migratoire promue par le gouvernement, il n’en demeure pas moins que la naissance d’un front unitaire entre deux organisations à la pointe de la mobilisation sociale actuelle et deux organisations qui en sont bien plus à la traîne, mérite d’être soulignée. Même dans les temps les plus obscurs, l’humanisme français conserve ses farouches défenseurs ! 

Ceci étant dit, l’affaire interpelle toutefois les esprits plus mal tournés. Capables, en l’espace de quelques semaines, d’adresser une critique commune au gouvernement au sujet de sa politique migratoire, les dirigeants des organisations salariales françaises sont hélas incapables d’en faire autant dès lors qu’il s’agit de se prononcer sur le sort des salariés français. Alors que, depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, ces derniers sont bien loin d’être à la fête, leurs représentants syndicaux font tout leur possible pour ne pas engager de riposte unitaire. Dernière preuve en date : le refus de la CFDT de répondre favorablement à la proposition de la CGT d’un 1er mai unitaire de mobilisation contre la politique sociale gouvernementale. Les salariés français apprécieront à leur juste valeur les dispositions d’esprit pour le moins paradoxales des hiérarques confédéraux. 

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