Cette publication qui concerne l’industrie pharmaceutique (IDCC 176) a été diffusée sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Qu’il soit régulier ou exceptionnel, le télétravail fait désormais l’objet d’un texte de référence dans la branche « pharma ».
Un accord de facilitation du télétravail, assorti de multiples précautions d’usage. C’est ainsi qu’on peut résumer le contenu du texte signé, début septembre, par cinq organisations syndicales représentatives des salariés de l’industrie pharmaceutique, dont la CFE-CGC, avec le LEEM, l’organisation patronale des entreprises du médicament. François Reyrolle, délégué syndical CFE-CGC du laboratoire Merck et négociateur de l’accord, commente le dossier.
SUR LES GRANDES LIGNES DE L’ACCORD
Il s’agit d’un accord-cadre dont l’essentiel et les détails de la mise en œuvre sont renvoyés au niveau des entreprises. Un accord « volontairement pédagogue », comme le qualifie Michael Danon, président de la commission emploi, compétences et empreinte territoriale du LEEM, et donc négociateur patronal. Il se compose de deux volets : l’un encadrant la mise en place du télétravail régulier dans les entreprises, l’autre balisant le télétravail pour circonstances exceptionnelles ou en cas de force majeure. L’intention est de développer et de pérenniser le télétravail régulier dans le secteur pharmaceutique et de donner aux entreprises un cadre pour cela.
SUR LE CONSTAT D’EFFICIENCE DU TÉLÉTRAVAIL
La mise en place du télétravail contraint depuis près de deux ans a révélé à un certain nombre de managers qu’un travail de qualité pouvait être fourni par des salariés opérant à domicile. « Il y avait peut-être une certaine défiance auparavant de la part de nos employeurs vis-à-vis du télétravail, constate François Reyrolle. De notre côté, en symbiose avec la position confédérale de la CFE-CGC, nous avons toujours considéré que l’activité contrainte à domicile risquait d’entraîner une dégradation des conditions de travail si le salarié ne bénéficiait pas du matériel et des conditions ad hoc. Il n’empêche que la période récente a montré qu’un certain nombre de métiers de l’industrie pharmaceutique, quand ils sont exercés dans de bonnes conditions, se prêtent parfaitement au télétravail. »
SUR LES ATTENTES DES SALARIÉS ET LES PERSPECTIVES
Dans un secteur dont les sièges sociaux sont assez concentrés en région parisienne et où les cadres effectuent traditionnellement de grosses amplitudes journalières, les partenaires sociaux ont fait le constat d’une attente. « Forts de l’expérience de la période de crise, un nombre non négligeable de salariés souhaite continuer une partie de son activité à domicile, résume François Reyrolle. Ce qui peut se comprendre quand on connait les temps de transport nécessaires pour se rendre à son bureau en Ile-de-France. Penser aussi aux avantages que le télétravail peut représenter dans un contexte international, pour effectuer une mission à l’étranger par exemple, sans avoir pour autant à quitter la France et à chambouler sa vie familiale. Par ailleurs, au niveau du recrutement, les nouveaux arrivants sont demandeurs de télétravail et ont des exigences réelles sur ce thème. »
SUR LES POINTS D’ACHOPPEMENT DE LA NÉGOCIATION
La CFE-CGC et ses partenaires ont obtenu qu’il y ait au moins un entretien annuel prévu entre le salarié et son manager pour faire le point sur le télétravail. Avec, évidemment, la possibilité de revenir en arrière pour les volontaires. La partie concernant le matériel informatique, bureautique et ergonomique à domicile est en revanche restée plus floue. « Nous avons tenu à rappeler que les entreprises doivent fournir l’équipement nécessaire, indique François Reyrolle, mais l’accord se contente de dire que ce sont elles qui détermineront les modalités concrètes. De même, le texte renvoie aux entreprises les modalités de prise en charge des dépenses supplémentaires (électricité, chauffage…) que le télétravail entraîne pour les salariés. »
SUR LES POINTS DE VIGILANCE STRUCTURELS
« Nous ne voulons pas que les gens travaillent davantage chez eux qu’au bureau, prévient François Reyrolle. C’est pourquoi nous incitons les entreprises à revisiter leurs accords sur le forfait-jours et à bien redéfinir la durée du temps de travail. Il ne faut pas qu’elles prennent prétexte de cet accord pour charger la barque des cadres à domicile en leur confiant des missions au dernier moment ou en dehors des horaires. Par ailleurs, l’engouement de salariés pour le télétravail peut être symptomatique d’un malaise au bureau. Certains vivaient une souffrance au travail et se sont trouvés “libérés” par le management à distance. C’est une vraie question de fond qu’il faut creuser auprès des volontaires pour le télétravail. »
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