Les urgences toujours plus en danger, FO pointe du doigt les manquements

Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO

 

Déjà sous tension depuis longtemps, de nombreux services d’urgences ont passé un été dans le rouge, avec des conditions de travail et d’accueil des patients très dégradées. Pour FO, la politique de restriction budgétaire est en cause. 

Il n’y a pas d’alerte majeure dans les services d’urgence des hôpitaux, a répété à l’envi dans les médias la ministre de la Santé Agnès Buzyn début août, en plein épisode caniculaire. La Fédération des services publics et de santé FO (SPS-FO) s’inscrit en faux contre cette analyse. Dans un communiqué du 9 juillet, l’organisation syndicale estimait déjà que l’été s’annonçait très compliqué dans les services d’urgences, avec la politique de restriction budgétaire appliquée dans les établissements de santé. 

Les lits d’hospitalisation manquent

Engorgement des patients, absence de lits d’aval, manque de personnels médicaux et paramédicaux : Des témoignages recueillis auprès de nos syndicats et d’agents hospitaliers sont venus confirmer nos prévisions, les conditions de travail des agents et les conditions d’accueil des patients aux urgences continuent de se dégrader fortement, indique Luc Delrue, secrétaire fédéral à la fédération SPS-FO. 

Le problème de la saturation des services d’urgence dépasse de loin la période estivale et caniculaire, nous avons atteint un point de non-retour depuis déjà longtemps, ajoute-t-il. À la veille des annonces du gouvernement sur le système de santé, nous estimons qu’il faut arrêter cette destruction de l’hôpital. 

Hausse du nombre de passages aux urgences

En vingt ans, le nombre de passage aux urgences et passé de 10 à 21 millions de personnes (chiffres de la Drees, ministères sociaux), sans que des effectifs supplémentaires soient déployés dans les services. En 2016, pas moins de 4000 lits d’hospitalisation ont été supprimés. Personnels et médecins sonnent l’alerte depuis longtemps déjà. 

Exiger des personnels supplémentaires

Le 11 avril, à l’initiative de FO, une délégation de personnels des services d’urgences, venus d’une trentaine d’établissements hospitaliers en France, s’étaient rassemblés devant le ministère de la Santé. Ils étaient venus dénoncer leurs conditions de travail impactant les prises en charges des patients et exiger des lits et des personnels supplémentaires médicaux et paramédicaux. La revendication demeure. 

Pour ce qui est de l’été qui s’achève, la fédération des services publics et de santé a recensé des tensions dans de nombreux établissements hospitaliers. 

À la Cité sanitaire de Saint-Nazaire, le mercredi 1er août, le syndicat FO avait recensé 27 malades en attente de soins, sur des brancards, et pas moins de 60 personnes le week-end précédent. Pour Clair Guillet, secrétaire du syndicat FO, c’est une catastrophe. Le responsable syndical explique la situation par l’afflux de vacanciers, l’exiguïté des locaux et le manque de personnel et de lits d’hospitalisation après le passage aux urgences. 

Le nombre de passage aux urgences est de plus en plus important — c’est un rythme de plus de 200 personnes par jour avec des pointes à 220 — et l’hôpital n’y arrive plus indique Clair Guillet. 

Au CHU d’Angers, la direction a décidé de fermer 88 lits, en plus des lits fermés pendant l’été. Au total, 286 lits d’hospitalisation sont ainsi supprimés pendant l’été. Ces lits fermés sont autant de places en moins pour les patients qui passent par les urgences et qui ont besoin d’une hospitalisation, indique Benjamin Delrue, secrétaire du syndicat FO. 

Après un afflux important de patients aux urgences le 25 juillet, et la décision de la direction de rouvrir des lits aux urgences, sans recours à du personnel supplémentaire, le représentant FO au CHSCT a déposé un droit d’alerte, pour qu’une telle situation ne se reproduise plus. FO revendique aussi le retrait d’un plan d’économies de 16 millions d’euros sur trois ans, en cours au CHU. 

Au CHU de Clermont-Ferrand, les infirmiers et les aides-soignants des urgences se sont réunis trois fois cet été en assemblée générale, entre le 26 juillet et le 9 août, à l’initiative de leurs syndicats FO, CGT et SUD. Quatorze infirmières sont en arrêt maladie sur un effectif de 40 personnes au total, et l’augmentation de la charge de travail génère des tensions et une usure des personnels. Les agents menacent de faire grève. 

Les syndicats ont écrit à la direction le 27 juillet pour dénoncer des remplacements […] sans formation ni connaissance des spécificités du service. Cette situation met en danger les personnels en postes ainsi que les patients, alertent les syndicats. Il est nécessaire d’augmenter les effectifs, la fréquentation des urgences est passée de 150 passages par jour en 2017 à 180 en moyenne cette année, indique Sandrine Avel, secrétaire-adjointe du syndicat FO. 

Au Centre hospitalier de Troyes, le syndicat FO est aussi en alerte. 

Le 31 juillet les personnels des urgences ont fait état de la dégradation de leurs conditions de travail dans un communiqué : 

Depuis le 19 juin, l’ensemble du personnel paramédical alerte par courrier sa direction du manque massif de personnel pour faire face à un flux en constante augmentation depuis des années, après de nombreuses rencontres et l’absence de solutions acceptables apportées par la direction, le service est au bord de l’implosion, écrivent-ils. le syndicat FO revendique des embauches. 

L’hôpital mis à mal

Pour Luc Delrue (fédération SPS-FO), au-delà de l’engorgement des services d’urgence et de temps d’attente très long pour les patients, la problématique reste l’insuffisance des lits d’aval. Et Au-delà des urgences, c’est bien l’hôpital dans son ensemble qui est mis à mal. 

Une première victoire

De nombreuses mobilisations locales en témoignent. Comme à Saint-Calais (Sarthe). A l’initiative de FO, une manifestation pour sauver l’hôpital local a rassemblé près de 1 000 personnes le 13 juillet, contre la fermeture au mois d’août des services d’urgences et de médecine générale. Elle a débouché sur une première victoire, puisque l’Agence régionale de santé (ARS) a renoncé à la fermeture en août. Le combat continue. 

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