Alors que la COP 21 vient de débuter, nous vous proposons de revenir sur le rôle joué à cette occasion par les cinq principaux syndicats de salariés. Ceci suppose dans un premier temps de passer les troupes en revue, afin d’identifier les différents acteurs qui prennent en charge ce dossier. Avec une question sous-jacente : quels rapports entretiennent-ils avec EDF ?
Un dossier pris en charge à un haut niveau confédéral
Pour les états-majors syndicaux, la COP 21 est un enjeu important. C’est en tout cas ce dont semble témoigner le fait qu’il est pris en charge par des responsables confédéraux. Depuis plusieurs années, la CGT confie le dossier à Fabienne Cru-Montblanc, membre du bureau confédéral et accessoirement du CESE, tandis que la CFDT fait confiance à Thierry Dedieu, secrétaire confédéral, et la CGT-FO à Pascal Pavageau, lui aussi secrétaire confédéral. Du côté de la CFTC, c’est l’inévitable Joseph Thouvenel, vice-président au long cours, qui s’occupe de la question. Enfin, à la CFE-CGC, c’est Alexandre Grillat, actuellement secrétaire national mais pressenti ici ou là pour de plus amples charges, qui est aux manettes.
Suivie de près par les principaux dirigeants syndicaux français, la COP 21 le serait-elle plus encore cette année du fait qu’elle se déroule à Paris ? “On travaille tout de même sur les questions environnementales depuis la fin des années 1980, c’est un sujet de préoccupation ancien”, tranche la CGT. Difficile de nier pourtant que, pendant longtemps, les directions confédérales l’ont peu abordé, lui préférant des thématiques plus étroitement économiques et sociales, moins clivantes en interne. Les prévisions de plus en plus alarmistes des climatologues ont sans doute fini par convaincre les responsables syndicaux qu’ils ne pouvaient plus faire l’économie d’une réflexion sur l’avenir du productivisme.
Une concertation plus ou moins internationalisée
Face à cet évènement d’envergure internationale qu’est la COP 21, plusieurs syndicats français ont fait le choix de s’engager dans une démarche syndicale elle-même internationale. Du côté de FO, on l’explique ainsi : “Les syndicats français qui adhèrent à la confédération syndicale internationale, la CSI, et notamment les trois grands que sont Force Ouvrière, la CGT et la CFDT, sont accrédités par le biais de la CSI pour participer à la conférence. Ils y représentent en quelque sorte la CSI”. Ceci leur assure une certaine visibilité : “Evidemment, comme la COP 21 a lieu à Paris, les syndicats français sont plus sur le devant de la scène que ça n’avait été le cas lors de la COP 20 qui s’est tenue l’an dernier à Lima”.
Ce détour par le syndicalisme international ne constitue, certes, pas une règle commune à l’ensemble des syndicats. Il semble bien moins s’imposer à la CFTC et à la CFE-CGC, dont l’action dépend plus de logiques nationales, comme en témoigne un responsable de la centrale de l’encadrement : “C’est principalement en France, dans de multiples aller-retours entre nos instances dirigeantes et nos adhérents, que nous avons déterminé notre politique vis-à-vis de la COP 21”. Le fait que ce choix d’organisation au niveau français soit minoritaire parmi les syndicats ne suffit pourtant pas à dissiper toutes les suspicions de service commandé au bénéfice d’EDF, grand champion national de l’énergie peu carbonée…
Quel rapport à EDF ?
… et du financement généreux du syndicalisme. “La question du lien avec EDF est très étonnante”, coupe la CGT. Il est vrai que parmi les cinq responsables en charge du dossier COP 21, seul celui de la CGC fait sa carrière chez EDF. “De toute façon, notre action, ainsi que celles de la CGT et de la CFDT, étant très largement définies au niveau de la CSI, cette question ne se pose pas vraiment”, évacue le responsable FO. Même à la CGC, un dirigeant national assure qu’EDF n’a rien à voir avec les décisions prises en interne : “Je peux vous assurer que, dans le cadre des débats internes qui ont eu lieu, nous n’avons fait l’objet d’aucune intervention extérieure. Preuve en est le manifeste de la CFE-CGC pour la COP 21 paru fin octobre !”
En réalité, c’est de manière plus implicite que le géant français de l’électricité est présent à l’esprit des syndicalistes de la COP 21. Comme l’explique la CGT : “Le remplacement du carbone par l’électricité nucléaire ou renouvelable, ce n’est pas nous qui le mettons en avant, c’est le GIEC ! Dans le même temps, nous n’allons pas nier que nous préférons les entreprises dont la politique sociale est bonne pour les salariés. Et EDF en fait partie.” Le représentant de FO ne dit pas autre chose : “Nous avons besoin d’un grand service public de l’énergie, seul moyen de parvenir à une transition écologique cohérente et maîtrisée”. En somme : EDF n’a même pas eu besoin de lobbying auprès des syndicats pour s’assurer de tirer profit de la COP 21.