OpinionWay a réalisé le nouveau baromètre annuel santé de Deloitte. Les réponses en surprendront certains: les Français sont prêts à une tarification de la santé sur le comportement et sont déçus par la réforme du contrat responsable. Ils considèrent majoritairement que le recours à une surcomplémentaire individuelle est un choix pertinent…
Le baromètre n’est pas encore publié, mais il suscite déjà de nombreux commentaires contradictoires dans la presse. Ainsi, le Quotidien du Médecin parle des “Français fiers de leur système de santé“, quand Le Parisien souligne qu’ils sont “de moins en moins satisfaits“. Il faut lire entre les lignes du sondage pour mesurer toute la subtilité des raisonnements qui y sont tenus.
La surcomplémentaire individuelle comme solution inévitable
Passons d’abord outre les considérations habituelles sur: êtres-vous contents de votre système de santé? qui ne veut pas dire grand chose. On notera seulement qu’en un an, le taux de satisfaction a baissé de 9 points (de 86 à 77%). Faute d’un débat national sur le sujet et d’une perspective de sortir du système actuel, cet effondrement du taux de satisfaction en si peu de temps en dit long sur le scepticisme français face aux grandes tirades des pouvoirs publics sur les politiques qui sont menées.
D’une manière générale, les Français ont acté que la sécurité sociale n’avait pas ou n’avait plus vocation à rembourser la totalité des dépenses de santé. D’où un résultat tout à fait intéressant, présenté en détail par le Quotidien du Médecin: ” près des deux tiers des sondés (64 %) ont le sentiment d’une croissance de leur reste à charge depuis la mise en place des nouveaux contrats responsables (qui fixent des plafonds de remboursement). Dans ce contexte, 20 % des sondés ont déjà opté pour une couverture supplémentaire santé individuelle et 17 % envisagent d’y recourir au cours des 12 prochains mois ! Concrètement, ils déboursent (ou pourraient débourser en plus de leur mutuelle collective) 26 euros en moyenne par mois pour doper le niveau de remboursement de leurs dépenses santé et 14 euros en moyenne pour bénéficier de nouveaux services.”
On retiendra donc qu’une surcomplémentaire ciblée à 26 euros pour des remboursements santé et à 14 euros pour des services nouveaux correspond aux attentes du marché. À bon entendeur!
La tarification au comportement progresse
Autre chiffre d’importance, relevé par BFM: “61% d’entre nous pensent qu’il faudrait ajuster les frais de santé en fonction de notre mode de vie.” Cette information en dit long sur l’attente des Français vis-à-vis de leur système de santé, au-delà du bloc monolithique et monopolistique de la sécurité sociale présenté comme un horizon indépassable. La tendance naturelle de la société française l’incline désormais à une mitigation du risque par une tarification selon les comportements individuels, sur le modèle de l’assurance automobile. Cette tendance est à retenir.
Pour les pouvoirs publics, ce chiffre devrait constituer un signal important dans la compréhesion du risque que les Français peuvent avoir.
Remboursement de certains patchs anti-tabac
Dans cette suite logique, beaucoup plébisciteront le remboursement de certains patchs anti-tabac. Cette mesure prise dans le cadre du plan “Priorité prévention” présenté fin mars par la ministre de la Santé. Après la gomme à mâcher Nicotine EG (fabriquée par EG Labo), prise en charge par la Sécu depuis le 28 mars, le patch NicoretteSkin (de Jonhson&Jonhson) a été inscrit au remboursement par un arrêté paru mardi au Journal officiel et qui prendra effet “au quatrième jour suivant (sa) date de publication”.
Un prix unique a été fixé pour chaque produit, quels que soit les dosages ou les parfums: 14,14 euros pour Nicotine EG et 28,55 euros pour NicoretteSkin, remboursés à 65% par l’Assurance maladie.
Il s’agit d’une étape importante dans le développement d’une stratégie de prévention… dont il paraît curieux qu’elle ne soit pas intervenue plus tôt.
Épidémie d’obésité dans le monde
Au chapitre des mauvaises nouvelles, on notera que l’OMS vient d’alerter sur l’épidémie d’obésité qui frappe la planète. Le phénomène est particulièrement marqué en Europe où le taux d’obésité atteint 17% de la population, et le taux de surcharge pondérale dépasse les 50%.
Cette épidémie est largement due à la transformation des modèles alimentaires. “Les progrès technologiques de l’agro-industrie ont favorisé la mise sur le marché de produits peu chers, riches en gras, en sucre et en sel” et “notre environnement alimentaire nous incite au plaisir de la nourriture au-delà de ce dont nous avons besoin“, explique M. Barrat, interrogé par Toute l’Europe. La malbouffe triomphe, et nos filières agricoles traditionnelle souffrent.