Les dépenses de santé pour 2022 risquent (encore) de pulvériser les objectifs fixés

Le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie vient de rendre un avis dans lequel il met en garde contre la sous-estimation des dépenses à assumer pour l’année 2022. Le constat est sans appel : l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) sera dépassé, une fois de plus. Si cette alerte ne surprend pas vraiment, elle met en lumière les causes différentes de ce dépassement désormais systématique.

Dans son avis, reproduit intégralement en fin d’article, le comité d’alerte estime que les 4,9 Md€ provisionnés pour la crise covid en 2022 ne sont pas suffisants. Au-delà de ce premier facteur lié à la crise sanitaire, un autre point important est mis en lumière par le comité d’alerte : les dépenses non directement liées à la crise sanitaire progressent plus rapidement que la moyenne.

Le suivi et l’anticipation des dépenses de santé est de plus en plus difficile

La crise joue un rôle majeur dans le dérèglement des dépenses d’assurance maladie, le comité le reconnaît. Après une année 2021 marqué par le dépassement de l’Ondam de 8,4% (passant ainsi de 225,4 Md€ à 239,5 Md€), le comité espérait une reprise en main. En 2021 le surcoût de 14,1 Md€ constaté est essentiellement lié aux dépenses de gestion de crise qui atteignent 13,7 Md€ (si l’on ne tient pas compte des provisions de 4,3 Md€ inscrites dans la LFSS 2021 pour financer la crise). L’année 2022 devait être plus mesurée en ce qui concerne les dépenses de crise notamment dues aux tests de dépistage (6,9 Md€ en 2021) et à la vaccination (5 Md€ en 2021). Cependant, le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance maladie constate que l’année 2022 est déjà mal engagée.

En effet, l’Ondam 2022, bien que fixé à 236,8 Md€ et doté d’une provision de 4,9 Md€ pour financer les mesures de crise sanitaire, risque bien d’être dépassé, une fois de plus. La provision ne sera clairement pas suffisante en raison du rebond épidémique du début d’année qui fait dépasser de 0,5Md€ la provision annuelle prévue au titre des tests de dépistage. Sur les 2 premiers mois de l’année, les dépenses liées aux arrêts de travail dus au covid ont même déjà atteint 0,6 Md€ sans être couvertes par la provision. De plus, le comité rappelle qu’une commande de vaccins et médicaments anti-covid passée en 2021 a dû faire l’objet d’un versement de 1,2 Md€… non couvert par la provision. Et les dépassements ne s’arrêtent pas là !

Le comité alerte surtout sur les dépenses non directement liées à la crise sanitaire. Ces dépenses augmentent trop rapidement et pour comprendre d’où cela vient, le comité demande à évaluer les facteurs qui contribuent à cette hausse anormalement rapide. Parmi les quelques causes déjà identifiées, le comité mentionne les hausses de salaire prévues pour les professionnels des filières socio-éducatives et pour l’ensemble de la fonction publique.

Bien que cet avis du comité d’alerte ait le mérite d’exister, sa portée reste très limitée. En effet, le comité ne propose aucune piste d’amélioration (en vertu d’une dispense “crise covid” prévue dans la LFSS 2022) et ses réflexions où suggestions n’ont, quoi qu’il arrive, aucune portée contraignante. Le dépassement de l’Ondam a encore de beaux jours devant lui.

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #1 : Les accords santé face aux fusions de CCN

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #2 : Le point sur les catégories objectives dans les CCN

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #5 : l'actualité des CCN Syntec, chimie, sécurité sociale

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #1 : le régime santé de la CCN Syntec

Vous pourriez aussi aimer
retraites, carrières longues, IJ
Lire plus

Retraites : quand le macronisme tire une balle dans le pied de la capitalisation

Dans le cadre de l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, Paul Midy, député macroniste de l'Essonne, a déposé, d'accord en cela avec Gabriel Attal, le président de son groupe parlementaire, un amendement venant nourrir le débat public sur l'avenir des retraites, et proposant le versement, sur un contrat de retraite par capitalisation, de 1 000 euros au bénéfice de chaque enfant né en France. ...

Le PLFSS (non voté) renvoyé au Sénat

Les députés ne sont pas parvenus à aller au bout des débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Ils n'ont pas réussi à boucler l'examen de tous les amendements avant d'atteindre le délai maximum de 20 jours prévu par la Constitution. Mais que les députés se réjouissent, tous leurs amendements adoptés en séance publique sont conservés dans le texte transmis au Sénat (voir ci-après). Ainsi donc, le Gouvernement, par la voix...

Avis d’extension d’un avenant et d’un accord de prévoyance dans la CCN des services de l’automobile

Le ministre du travail et des solidarités, envisage d’étendre, par avis publié le 13 novembre 2025, les dispositions de l’avenant n° 1 du 23 octobre 2025 à l'accord du 13 mars 2025 relatif au règlement général de prévoyance (RGP) et régime professionnel obligatoire (RPO) et de l'accord paritaire national du 23 octobre 2025 relatif au tarif des cotisations de prévoyance obligatoire, conclus...