Comme le veut la tradition, les organisations patronales et les syndicats de salariés, ou leurs dirigeants, formulent depuis la fin du mois de décembre leurs bons voeux pour l’année 2016. Si certains misent en apparence sur l’optimisme et l’auto-congratulation, d’autres ont décidé de jouer les trouble-fêtes. Dans tous les cas, la sobriété n’est pas toujours au rendez-vous…
Tout baigne pour l’UPA et la CFDT
Bien que l’économie française semble avoir définitivement tourné la page de la croissance et bien que les défaillances d’entreprises se soient maintenues à un niveau élevé en 2015, l’UPA n’entend pas se laisser abattre. Site internet ad hoc à l’appui, les responsables de l’artisanat français souhaitent à tous “une année 2016 pleine de joies personnelles, de réussites entrepreneuriales et d’engagements collectifs”. Cet enthousiasme débordant suffira-t-il à redonner un nouvel élan à la France ? A l’heure actuelle, quelques incertitudes demeurent à ce sujet.
Ces incertitudes, qui contribuent à assombrir un horizon social qui n’est déjà pas précisément rose, n’empêchent pas la CFDT de manifester clairement sa bonne humeur. Dans un clip vidéo de deux minutes, une voix féminine jeune et enjouée, accompagnée d’une musique consensuelle, vante les bienfaits de l’action cédétiste pour le maintien de l’emploi mais aussi pour l’acquisition de nouveaux droits sociaux : droits rechargeables à l’assurance-chômage, complémentaire santé pour tous, compte pénibilité, compte personnel de formation. Que demande le peuple ?
Les vilains petits canards : le MEDEF, la CGPME et FO
De moins bonne humeur que leurs homologues de l’UPA, les responsables du MEDEF et de la CGPME ont fait part de leurs craintes pour 2016. Dès la fin décembre, Pierre Gattaz a réaffirmé qu’il était plus que jamais nécessaire de lutter contre le chômage, tandis que François Asselin ne se faisait pas prier pour dire tout le bien qu’il pense des syndicats de salariés. Enfin, Alexandre Saubot, le successeur de Jean-François Pilliard, avait à peine fêté la nouvelle année qu’il portait à nouveau l’estocade contre le compte pénibilité, destructeur d’emplois selon lui. A la vôtre !
Jean-Claude Mailly a tenu à gâcher plus encore l’ambiance. Commentant les voeux à la nation du président de la République, le responsable de FO a reconnu qu’il était positif que l’Etat dépense plus pour former les demandeurs d’emploi. Mais il a surtout dénoncé le manque de volontarisme des pouvoirs publics dans la lutte contre le chômage. Il a en outre réaffirmé que FO refusait la dégressivité des allocations chômage. Il a enfin appelé à faire payer les entreprises recourant aux contrats précaires. En bref : un Jean-Claude Mailly des grands jours pour démarrer 2016…
Les voeux pour soi : la CGT et la CFE-CGC
Au milieu de ces débauches d’optimisme ou de pessimisme, les dirigeants de la CGT et de la CFE-CGC ont opté pour la sobriété. Il faut dire que leur objectif est de vanter leurs mérites en interne, mais surtout, sans en avoir l’air. Du côté de la CGT, on met en avant les symboles de la lutte sociale : drapeaux rouges pour une CGT “solidaire”, “engagée” et “offensive”, le tout réhaussé par des bruits de fond de manifestations. Philippe Martinez, en mal de légitimité, soignerait-il son image de pur et dur en vue du 51ème congrès confédéral qui doit se tenir en avril ?
La CFE-CGC, quant à elle, se présente comme le “seul syndicat réformiste militant”, à la recherche non de “compromissions” mais de “compromis”. Elle revendique fièrement son engagement au service des cadres : “Pour que l’encadrement ne soit plus la variable d’ajustement de toutes les réformes” – une allusion à l’AGIRC ? Une chose est sûre : c’est bel et bien la CFDT que les responsables de la CFE-CGC ont dans le viseur. En tapant sur son principal concurrent pour la représentation de l’encadrement, Carole Couvert espèrerait-elle se tirer d’affaire ?
BI&T présente bien entendu ses meilleurs voeux de réussite à l’ensemble des partenaires sociaux. Et à tous ses lecteurs !