Il y a un mois, nous faisions état de l’appel à la grève lancé dans le pétrole par la FNIC-CGT, la fédération CGT des industries chimiques, pour le 23 novembre, afin de faire en sorte que les ordonnances Travail ne s’applique pas à cette branche. Après la première journée de mobilisation, il apparaît que, si les salariés de la branche ne se sont pas levés comme un seul homme afin de se mettre en grève, l’ampleur du mouvement ne saurait pourtant être sous-estimée.
Le patronat minimise
Telle que décrite par l’AFP, la mobilisation des salariés du pétrole semble difficile à évaluer précisément. Personne ne s’en étonnera : les employeurs minimisent franchement l’ampleur de la grève. L’union française des industries pétrolières (UFIP) affirme que le mouvement de grogne a lieu “surtout dans le Sud et à la périphérie de Paris”. En revanche, en Normandie, l’UFIP assure que “tout est normal”. De la même manière, jeudi, le dépôt pétrolier de Feyzin dans le Rhône, n’aurait pas été concerné par la grève.
Ces déclarations de l’UFIP sont corroborées par celles d’Esso, qui a garanti que seul un nombre “limité” de grévistes perturbait Fos-sur-Mer, tandis que rien n’avait lieu à la raffinerie de Gravenchon, en Normandie.
Abordant plus précisément la question des actions menées par les grévistes, la chambre patronale du pétrole rapporte que “les raffineries tournent normalement mais à l’extérieur des sites, des grévistes perturbent le bon déroulement” des expéditions. Autrement dit : d’après l’UFIP, seuls quelques opérations limitées, dans de rares endroits du territoire, sont perturbées par les grévistes.
La CGT enthousiaste
A l’opposé et, ici non plus, personne ne s’en étonnera : la CGT insiste sur l’ampleur de la mobilisation. Emmanuel Lépine, le responsable du secteur pétrole de la FNIC, compte entre “50% à 100%” de grévistes sur les sites pétrochimiques touchés par la grève. Il a ainsi évoqué le chiffre de “60%” de grévistes à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne).
Selon Yann Manneval, le secrétaire de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, les salariés du site LyondellBasell était à 100 % grévistes et ceux de la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer, à 60%. Toujours d’après M. Manneval, les expéditions sont bloquées à la plateforme Total de La Mède, tandis qu’à la raffinerie de Lavéra, la production a été “ralentie”.
Emmanuel Lépine a finalement résumé la situation en ces termes : “Partout où il y a des grévistes, il n’y a ni expéditions ni travaux”. Il a par ailleurs promis que les installations normandes allaient entrer très prochainement dans la danse.
Un début de mouvement ?
Au-delà des divergences de jugement qui opposent la CGT et le patronat du secteur pétrolier, il convient, certes, de constater que le blocage total voulu par la CGT n’a pas eu lieu. Ceci étant dit, dans la mesure où la grève a été initiée par la CGT seule, qui n’est que la troisième organisation syndicale en voix dans la branche – à 25,8 %, contre 28 % pour la CFE-CGC et 26,1 % pour la CFDT – force est de reconnaître que son ampleur est plutôt correcte. Surtout, il n’est pas impossible que FO finisse par rejoindre la CGT. Dans la situation actuelle, il s’avère donc risqué de miser sur un effondrement du mouvement.
Plus encore, dans le cas où la CGT parviendrait rapidement à élargir quelque peu le périmètre de la mobilisation, les employeurs pourraient d’ailleurs être de tentés de lâcher du lest. En effet, le pétrole est une branche marquée par la coexistence d’un petit nombre de grandes entreprises, où les syndicats sont bien implantés et où la tentation patronale sera par conséquent moindre que dans d’autres branches de se ménager des marges de manoeuvre en entreprise afin de signer des accords moins intéressants que les accords de branche. Cette éventualité suppose, toutefois, que la mobilisation s’amplifie…