L’affaire Naomi ouvre une crise profonde du traitement de l’urgence hospitalière en France

La révélation de l’affaire Naomi (une jeune femme laissée sans soins par les urgences et décédée quelques jours plus tard) ouvre une importante brèche dans le discours sur l’hôpital public. La question du manque de formation des personnels et du contrôle qualité se pose désormais ouvertement.

Après l’affaire Naomi, d’autres affaires ont éclaté parce que les langues se sont déliées. Contrairement à ce que certains défenseurs du monopole public avaient avancé dans un premier temps sur la caractère isolé de l’incident, les témoignages ont afflué sur une déficience globale du dispositif d’urgence médicale en France. Des affaires ont éclaté à Tours, à Troyes, à Cahors, à Roubaix, à Caen. Des témoignages accablants tombent sur le CHU de Saint-Étienne où les urgences psychiatriques soulèvent de nombreuses questions. Une mère de famille, victime de burn-out, s’est ainsi retrouvée attachée pendant trois jours aux urgences sans pouvoir sortir.  

Agnès Buzyn toujours aussi rigide

Les personnels concernés ont bien compris que la campagne remettait en cause la prise en charge des patients à l’hôpital en général, et ont commencé à se mobiliser pour défendre leurs intérêts face à cette lame de fond. Sous la pression de l’opinion, la ministre s’est déplacée vendredi dernier à Créteil pour visiter le centre de régulation des urgences de l’hôpital Henri Mondor. Les personnels l’y attendaient de pied ferme.  

La ministre a toutefois refusé de les rencontrer. Les personnels en ont ressenti une vraie amertume, après avoir chahuté le point presse de la ministre, manifestement moins à l’aise avec les mouvements de groupe que le président de la République. 

La ministre a plaidé pour la mise en place d’une assurance qualité dans les services d’urgence. L’idée est à retenir, car elle souligne que les pouvoirs publics seront rapidement contraints d’ouvrir le débat non plus seulement sur les moyens de l’hôpital public, mais sur ses pratiques effectives. Les syndicats l’ont bien compris, qui feront tout pour colmater cette brèche dans leur dispositif. 

Les cliniques privées avancent leurs pions

La Fédération de l’Hospitalisation Privée en a profité (le hasard du calendrier faisant bien les choses) pour proposer des mesures fortes en faveur du système de santé. On lira ici les points d’orgue d’un texte plutôt habile: 

Ces propositions ont pour objectif de garantir à tous un égal accès à des soins pertinents de qualité prouvée. (…)Le président de la FHP a aussi expliqué en préambule que la suppression de la tarification en fonction de l’activité n’était pas la recette miracle :« Non, la T2A n’est pas responsable de tous les maux. Être payé en fonction de son travail, c’est du bon sens et cela évite le pilotage à l’aveugle ». L’avenir dira quel poids la ministre accorde à ces propositions…

D’autres précisions de la ministre sur son calendrier

Enfin, on notera que la ministre a proféré quelques déclarations intéressantes. Concernant le remboursement des lunettes en zéro reste à charge, elle a redit que la réforme prendrait plusieurs années. Elle est aussi revenue sur la réforme du congé parental qui devrait intervenir avant la fin du quinquennat.  

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