La solidarité tarifaire est plus forte en complémentaire santé collective qu’en individuelle

La solidarité prend une place importante en complémentaire santé, surtout depuis la loi de sécurisation de l’emploi de 2013. Le procédé de recommandation d’un organisme assureur qui remplace la désignation en complémentaire santé collective impose en effet de prévoir un degré élevé de solidarité qui doit répondre à plusieurs critères. La Drees a publié une étude tarifaire réalisée sur les contrats collectifs et individuels de 2006 à 2013 semblant faire l’éloge de la couverture collective, mais ce constat déjà lointain est à relativiser. 

 

 

Des complémentaires santé individuelles trop peu solidaires

Les contrats individuels sont pointés du doigt par le document de la Drees pour n’être que peu, voire pas solidaires. Les types de tarification permettant d’instaurer de la solidarité entre assurés sont en repli, notamment au niveau des mutuelles. Il peut s’agir d’une tarification selon le revenu de l’assuré, d’une tarification ne tenant pas compte de l’âge, ou ne tenant pas compte du nombre d’enfants couverts par un forfait famille. 

Les mutuelles semblent en effet appliquer de moins en moins de cotisations dépendant du revenu et se rapprochent du fonctionnement des sociétés d’assurances dans leur mode de tarification. 

Dans l’ensemble, de 2006 à 2013, le nombre de personnes assurées en individuelle avec un tarif dépendant de leur âge a augmenté dans les mutuelles et a diminué dans les institutions de prévoyance. Parallèlement, le pourcentage d’assurés couverts par des contrats individuels proposant des tarifs dépendant des revenus a diminué (de 37% à 29% en mutuelle, de 3% à 2% en institution de prévoyance). Ces évolutions sont un signe fort de la difficulté des organismes à proposer de la solidarité entre assurés et à faire face à la concurrence. 

Le document note toutefois que la majorité (presque les trois quarts) des assurés des mutuelles en complémentaire santé individuelle ont des tarifs qui assurent une solidarité entre classes d’âge. Mais cette solidarité est d’un niveau parfois plus que relatif. 

A côté des mutuelles qui tentent de résister à la baisse de la solidarité dans les tarifs, les sociétés d’assurances font figure de mauvais élèves en proposant surtout des contrats dont la cotisation dépend de l’âge de l’assuré. 

 

Une tarification plus solidaire en complémentaire santé collective

L’étude de la Drees précise que les contrats collectifs en complémentaire santé sont plus propices à l’instauration de tarifs solidaires. C’est-à-dire que la cotisation ne sera pas modulée selon des critères subjectifs propres à l’assuré. Ainsi, les tarifs sont fixés uniformément pour l’ensemble des salariés, sans distinction. Il est même constaté une augmentation du nombre de tarifs qui dépendent du revenu de l’assuré. La tarification dépendante du revenu de l’assuré permet d’adapter le prix aux moyens de chaque individu en permettant à tous les souscripteurs de bénéficier des mêmes garanties : cet élément est créateur de solidarité. La tarification au forfait famille (soit la gratuité d’adhésion dès le premier enfant) est aussi créateur de solidarité car il permet à toute la famille de bénéficier du régime collectif au même tarif, quel que soit le nombre d’enfants composants la famille. 

Les données proposées par le document permettent de constater que de 2006 à 2013, le pourcentage de personnes couvertes par un contrat collectif au tarif dépendant du revenu est passé de 36% à 43%. Sur la même période, le pourcentage de personnes bénéficiant d’un contrat collectif au tarif “forfait famille” a aussi augmenté de 62% à 74%. En revanche, la fraction d’individus dépendant d’un contrat fixant une limite d’âge à la souscription a diminué de 18% à 2% (aujourd’hui, aucune condition d’ancienneté, ou limite d’âge, ne peut être prévue par les contrats de complémentaire santé collective). 

 

Un état des lieux obsolète ?

Le document de la Drees expose les bienfaits de la complémentaire santé collective, tant au niveau de la tarification “solidaire” que de la qualité des contrats proposés. Les contrats hauts de gamme étaient la norme en 2013 et représentaient 65% des complémentaires santé collectives. 

Cependant, depuis la généralisation de la complémentaire santé et la parution des décrets “Panier ANI” et “Contrats responsables”, la situation a bien changé. Le nombre d’assurés en complémentaire santé collective a indéniablement augmenté et la qualité des contrats a probablement diminué. En effet, on ne compte plus le nombre d’accords de complémentaire santé signés par les partenaires sociaux qui se contentent de proposer des garanties limitées au panier de soins. 

Il sera donc intéressant de voir l’évolution des types de tarifs et surtout de la qualité des garanties proposées après la réforme de 2013. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
100 % Santé
Lire plus

Le “100 % Santé”, ou le coûteux mirage de la gratuité des soins

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, la DREES, vient de publier une étude portant sur les conséquences de la mise en œuvre, entre 2019 et 2021, de la réforme dite du "100 % santé" - visant à proposer "aux personnes couvertes par un contrat de complémentaire santé responsable des paniers de biens sans reste à charge pour des prothèses dentaires, des prothèses auditives et des lunettes" - sur les tarifs des contrats de complémentaire santé proposés par les organismes...
Lire plus

Les effets très différents du Rac0 sur les tarifs en santé individuelle et collective

La nouvelle étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) tente de comprendre comment la réforme du reste à charge zéro (Rac0 ou 100% santé) a impacté les tarifs des contrats de complémentaire santé. Pour cela, l'étude compare les données récoltées entre les années 2019 et 2021 (on regrette d'ailleurs que les données 2022 et 2023 n'aient pas été incluses dans l'étude). Or si...

Données de santé : la Cnil surveille les Ocam après plusieurs incidents survenus en 2024

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) vient de publier son rapport annuel 2024. L’occasion pour elle de dresser un bilan de ses actions, notamment dans le domaine sensible des données de santé. En 2024, la Cnil a enregistré 5 629 notifications de violations de données personnelles (+20% par rapport à 2024)​. Plusieurs...

Un nouveau président du comité de suivi des retraites est nommé

Un décret publié au Journal officiel d'aujourd'hui officialise la nomination d'un nouveau président du comité de suivi des retraites. Franck Von Lennep, conseiller maître à la Cour des comptes, est désigné président du comité de suivi des retraites. La responsabilité de l'application du décret incombe, chacun en ce qui le concerne, au Premier ministre François Bayrou, à la ministre du travail, de la...

Le directeur général de la santé quitte ses fonctions

Un décret publié au Journal officiel d'aujourd'hui acte la cessation de fonctions de Grégory Emery en tant que directeur général de la santé. La fin des fonctions intervient à la demande de l’intéressé. Cette décision prendra effet à compter du 5 mai 2025. Retrouvez le décret...