Le dialogue social national et interprofessionnel semble décidément être au mieux de sa forme en ce début juillet, quelques jours seulement après l’élection de Geoffroy Roux de Bézieux à la présidence du Medef. Après l’annonce, la semaine dernière, d’une rencontre paritaire le 11 juillet prochain, le Président de la République a invité les dirigeants patronaux et syndicaux à venir causer “transformations sociales” à l’Elysée le 17 juillet.
Un curieux ordre du jour
La rencontre au sommet entre le Président de la République et les partenaires sociaux aura un ordre de jour dont la cohérence ne saute pas nécessairement aux yeux. Certes, le chef de l’Etat y présentera les mesures de “transformations sociales” qu’il entend mettre en oeuvre à partir de la rentrée 2019. Ceci renvoie toutefois à des sujets fort divers : formation professionnelle et apprentissage, réforme des retraites et plan pauvreté. Espérons pour les salariés et les syndicats que la présence du sujet “plan pauvreté” n’augure pas du contenu des échanges relatifs aux autres sujets. Il est en effet bien difficile de ne pas se demander ce que le “plan pauvreté” vient faire au beau milieu d’une rencontre avec les représentants du monde du travail. La figure du “salarié”, censé être protégé de la pauvreté par le droit du travail, serait-elle à ce point méconnue de l’exécutif ?
Ne pas perdre la main
Les esprits naturellement portés à l’optimisme préfèreront interpréter cet ordre du jour comme une volonté du président Macron de ne pas perdre la main sur la définition de l’agenda social du pays. Rappelons, il est vrai, que la rencontre prévue le 11 juillet entre les dirigeants du patronat et des organisations salariales français résulterait d’un sentiment paritairement partagé de désabus vis-à-vis d’une attitude jugée légère à leur égard de la part de l’exécutif. Alors que la réforme des retraites, que le Président de la République a promis radicale, doit être menée dans les prochains mois, il est évidemment plus sûr de renouer le lien avec les partenaires sociaux – notamment avec la CFDT, qui a des chances de se montrer intéressée par le “plan pauvreté”. Le grain à moudre se faisant de plus en plus rare pour le salariat français, la lutte contre la pauvreté fera donc office de pain blanc le 17 juillet prochain.