Pour le gouvernement, la préparation du budget 2016, qui donne lieu aux derniers arbitrages, constitue un impressionnant casse-tête. Officiellement, la France devrait afficher un déficit public de 3,3% en 2016 (Etat, collectivités et organismes sociaux compris), soit un montant d’environ 70 milliards d’euros. A ce stade, et compte tenu de la rigidité des dépenses de l’Etat, on voit mal comment le gouvernement espère y parvenir, sachant qu’entre le pacte de responsabilité et les baisses d’impôts promises aux ménages, l’exercice se complique singulièrement.
La situation 2015 est mauvaise
C’est surtout la lecture de la situation mensuelle à juin 2015 qui éveille l’attention.
En un an, sur le premier semestre, le déficit de l’Etat n’a guère diminué que de 1 milliard! il était, au 30 juin 2014, 59,4 milliards. Il est passé, au 30 juin 2015, à 58,5 milliards. A ce stade, rien ne laisse donc présager une atteinte des objectifs budgétaires de 2015. Alors ceux de 2016…
Les recettes fiscales diminuent
Notamment sous l’effet du CICE, les recettes fiscales sont en diminution d’1,4 milliard par rapport à l’an dernier. Cette baisse est principalement due à l’effondrement de l’impôt sur les sociétés, qui a rendu 5 milliards de moins que l’an dernier. Ce phénomène devrait se poursuivre en 2016. Le gouvernement semble donc “coincé” sur ce sujet. On notera avec intérêt que l’impôt sur le revenu à grimper de plus de 1 milliard dans le même temps. Le gouvernement a donc besoin d’afficher une baisse de 2 milliards sur les ménages pour revenir à la situation de 2014…
La dynamique de la dépense est toujours forte
Dans le même temps, les dépenses de l’Etat ont augmenté de 2 milliards d’euros, passant, sur le premier semestre, de 154 à 156 milliards d’euros. Cette dynamique est d’abord due aux dépenses d’intervention qui augmentent de 4 milliards (de 37,5 à 41,5 milliards) et marginalement à la masse salariale, qui prend 1% d’augmentation (600 millions). Les administrations ne sont donc toujours pas sous contrôle.
Quelles marges pour le gouvernement?
Reste donc, pour l’exécutif, très peu de marges de manoeuvre. Les recettes devraient logiquement diminuer en 2016, et les dépenses de personnel ne semblent pas devoir diminuer. La seule véritable variable est celle de la dépense d’intervention. Mais… dans un monde de plus en plus dangereux, où l’exigence de sécurité des personnes est de plus en plus coûteuse, la compression des dépenses paraît de plus en plus complexe à expliquer. Surtout à l’approche d’une élection présidentielle où François Hollande devrait jouer gros.
Cela sent le dérapage budgétaire l’an prochain…