Depuis maintenant plus d’un an, le partenariat social de la chimie est largement perturbé par l’application des ordonnances Travail. Plus précisément, les partenaires sociaux ne réussissent pas à s’accorder sur le rôle de la branche en matière de définition des salaires. Chaque réunion paritaire donne lieu à conflit et celle du début du mois d’octobre n’a pas dérogé à la règle.
Le problème des rémunérations
Prenant appui sur l’accord paritaire qui a été signé l’an passé dans les transports routiers, la CGT, FO et la CFE-CGC, qui représentent à elles trois plus de 65 % des salariés de la branche, revendiquent, en matière de définition des rémunérations, l’impossibilité pour les entreprises de déroger aux dispositions prévues par la CCN dans plusieurs domaines : primes d’ancienneté et de dimanche et jours fériés travaillés, maintien de salaire en cas de maladie et montant des indemnités de départ. Après un premier temps d’opposition frontale à cette demande, les représentants patronaux, France Chimie – ex-UIC – en tête, en sont venus à ne plus refusent tout à fait de s’engager dans cette direction mais il n’en demeure pas moins qu’à ce jour, ils n’ont toujours pas présenté de projet d’accord jugé suffisamment clair par les trois organisations salariales.
Un dialogue social très compliqué
Dans cette configuration, le dialogue social qui a lieu au niveau de la branche s’avère pour le moins compliqué. Certes, les partenaires sociaux ont récemment réussi à s’entendre au sujet de l’OPCA interbranche plasturgie-chimie-pétrole-médicament. Mais cet accord constitue une exception à la règle qui prévaut depuis le printemps dernier. Ainsi, lors de la réunion paritaire qui s’est tenue le 4 octobre dernier, les partenaires sociaux devaient négocier la mise en place d’une CPPNI. Les représentants de la CGT, de FO et de la CFE-CGC ont déclaré qu’ils acceptaient cette discussion à condition que le patronat accepte de s’engager sur un accord rémunération conforme à leurs souhaits. Ce dernier ayant refusé cette requête, les représentants des trois syndicats ont quitté la réunion. Commentant la réunion, la CGT a même dénoncé le côté “provoquant” du porte-parole patronal, décrit comme un “hurluberlu”. Ambiance…
D’importantes négociations en attente
Conséquence immédiate du déroulement chaotique de la dernière réunion paritaire de la branche : la discussion relative à l’institution d’une CPPNI n’a pas vraiment eu lieu. Rappelons tout de même que les branches d’activité doivent impérativement se doter d’une CPPNI, sauf à ne plus pouvoir prétendre à l’extension de leurs accords par les pouvoirs publics : l’enjeu n’est donc pas anodin, surtout dans le cas d’une profession aussi importante que celle des industries chimiques… Outre cette négociation CPPNI, les représentants de la branche échangent actuellement au sujet de la prévoyance. Là encore, alors que ce sujet aurait pu être de nature à mettre tout le monde d’accord, le manque global de sérénité paritaire conduit à ce que les échanges n’aient pas lieu dans les meilleures conditions – quand ils ont lieu. La chimie peut-elle encore longtemps s’offrir le luxe d’un dialogue social de si mauvaise qualité ?