Cette publication est initialement parue sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Visale (Visa pour le logement et l’emploi) est un dispositif de garantie locative gratuite qui a été mis en place au 1er février 2016 par Action Logement dont la gestion est assurée par les partenaires sociaux.
La CFE-CGC reconnaît qu’un tel dispositif facilite l’accès au logement du secteur privé ou social des salariés en apportant au bailleur une garantie sur le paiement des loyers sur toute la durée du contrat de location, dans la limite de 36 loyers impayés. Au titre de l’utilité sociale d’Action Logement et notamment de sa mission d’accompagner les salariés dans l’accès au logement et au vu des montants engagés par Action Logement pour financer ce dispositif, la CFE-CGC est convaincue qu’un tel dispositif est de nature à faciliter l’accès à l’emploi et doit être accessible à l’ensemble des salariés.
Jusqu’à présent, ce dispositif concernait les étudiants, les travailleurs précaires de moins de 30 ans, quelle que soit leur situation professionnelle, et tous les salariés nouvellement embauchés, mutés ou avec une promesse d’embauche. Depuis le 4 juin 2021, cette aide, accessible aux jeunes de moins de 30 ans, s’adresse désormais à tous les salariés, sans condition de mobilité professionnelle, sans limite d’âge, mais à condition de justifier d’un salaire inférieur ou égal à 1 500 euros nets par mois, et ce, quelle que soit leur situation d’emploi (contrat à durée indéterminée, contrat à durée déterminée, intérim…).
Bien que l’évolution du dispositif Visale va concerner 6 millions de personnes supplémentaires éligibles, il n’en demeure pas moins que les salariés des classes moyennes sont loin d’être bénéficiaires du dispositif alors qu’ils sont eux aussi confrontés à des difficultés d’accès au logement, notamment dans les zones dites tendues. Cette évolution du dispositif va exclure la grande majorité des contributeurs à la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) que sont l’immense majorité des salariés qui gagnent plus de 1 500 euros nets par mois, y compris des travailleurs de la première ligne pourtant salués au plus fort de la crise pour leur engagement.
La CFE-CGC rappelle que le salaire médian en France est de 1 789 euros nets par mois et que les salariés disposant d’un tel niveau de revenus ont autant de difficultés à se loger que les autres. A ce titre, rien ne justifie que les salariés des classes moyennes, notamment ceux de l’encadrement, se sentent discriminés et soient écartés du dispositif.
Pour la CFE-CGC, il n’est pas acceptable qu’Action Logement se substitue à l’État pour compenser les baisses des aides au logement résultant entre autres de la réforme des APL et excluant de nombreux salariés des emplois de la PEEC.
Nul doute qu’il y a une rupture d’égalité qu’il faut corriger.
Pour la CFE-CGC, il est temps de privilégier l’universalité des services, renforcer davantage l’utilité sociale d’Action Logement et faire reconnaître son rôle pour l’ensemble des salariés. A défaut, c’est l’adhésion même des salariés et des entreprises à la PEEC et à Action Logement qui serait mise en péril.