La CFDT et la FAGE défendent les syndicats dans une tribune

Cet article provient du site du syndicat CFDT.

Laurent Berger et Jimmy Losfeld, président de la FAGE, co-signent une tribune sur le site de La Croix le 13 avril 2017 pour appeler les responsables politiques à prendre leurs responsabilités : les citoyens veulent participer à la construction collective d’un projet d’avenir, répondant aux défis de demain et permettant d’espérer dans un modèle plus juste et plus écologique. 

La FAGE et la CFDT se sont hissées au premier plan de la représentation citoyenne. Forte de ses victoires dans les universités puis dans le réseau des œuvres sociales, la FAGE est devenue en janvier dernier la première organisation étudiante de France. Deux mois plus tard, c’est la CFDT qui est devenue première organisation syndicale dans le secteur privé, grâce au vote des salariés dans les entreprises. Des victoires électorales inédites et historiques, qui en disent long sur les mutations en cours dans notre pays et sur la volonté d’engagement des citoyens. 

LE PARI DU DIALOGUE

Profondément indépendantes, la FAGE et la CFDT partagent des valeurs communes. Elles défendent toutes deux la solidarité, la justice sociale, le rejet de toute discrimination et ont comme boussole l’émancipation individuelle et collective. Mais au-delà des valeurs, ce qui les rapproche, c’est une conception de la démocratie et du rôle de la société civile. Nous rejetons un modèle où les différences d’intérêts et d’opinions, seraient soit niées, soit des prétextes à l’affrontement violent. Nous faisons au contraire le pari du dialogue et de la négociation pour parvenir à concilier les intérêts divergents. 

Nous refusons d’être tenus à l’écart par une classe politique et des décideurs économiques qui se jugent trop souvent seuls légitimes, seuls détenteurs des solutions. Nous revendiquons au contraire notre contribution à l’intérêt général ; le sens de notre action, c’est de regarder la réalité en face pour mieux la transformer, grâce à l’innovation sociale. C’est de rendre les gens prêts et en capacité de se mobiliser pour changer ensemble leur situation. 

DONNER LES MOYENS D’AGIR

Ce changement de paradigme chez les organisations syndicales et le plébiscite des organisations réformistes n’est pas anodin. Cela indique une volonté profonde de changement. À une époque où les Français et principalement les jeunes se détournent des différents scrutins citoyens, cette réalité doit être prise au sérieux par les responsables politiques. S’il y a manifestement un problème de fond, une absence de projet porteur d’espoir pour nos générations, nous constatons aussi un problème de forme, de manière d’être, de faire et de penser le politique. Si les organisations, qu’elles soient politiques, patronales ou syndicales, ne sont pas capables de s’ouvrir, de renouveler leur capacité à générer du pouvoir d’agir et du désir de faire ensemble, elles finiront par disparaître. 

UN RENOUVEAU SYNDICAL

En s’éloignant des formes d’engagement traditionnelles, les citoyens ne se détournent ni de l’action collective, ni de la politique : c’est même tout à fait le contraire ! Les dernières générations sont probablement les plus sensibles à l’engagement citoyen, au monde qui les entoure, à la chose publique. Certes, cette sensibilité prend forme dans des codes et pratiques nouvelles, s’exprime par des choix et usages inédits, mais la réalité est là : nos concitoyens ne sont pas résignés à regarder le monde se (dé) faire sans agir. Ce choix du renouveau syndical, c’est avant tout celui de la remise en question des méthodes, des pratiques de nos organisations. En ce qui concerne les syndicats, les jeunes et les moins jeunes, par leurs choix électoraux, envoient un message clair : « Adieu le XXe siècle et bienvenue dans le monde de demain ! ». Ces choix sont un appel aux valeurs d’ouverture à l’autre et de respect de son altérité, de débat permanent et participatif, de démocratie sociale, de respect des avis divergents dans la construction d’un projet commun, dans la définition d’un cap collectif. 

Les Français ne veulent plus être des cartes dans un syndicat ou un parti politique, ils veulent être acteurs du changement, renforcer leur pouvoir d’agir concrètement sur le quotidien et les causes qui les animent. Ils veulent et réclament des cadres d’engagements rénovés, démocratiques, participatifs, ouverts et en phase avec leur réalité. Est-ce à dire qu’ils ne souhaitent plus ni syndicats, ni partis politiques ? La réalité donne tort à cette analyse tant la volonté d’engagement des Français est soulignée par chaque étude sur le sujet, et par la réalité ressentie par les militants de terrain. 

UN PROJET D’AVENIR COLLECTIF À CONSTRUIRE

Alors que les discours populistes font renaître le mythe de l’homme ou la femme providentielle, qui restaurerait l’autorité et posséderait toutes les solutions ; alors que certains voient dans les corps intermédiaires un obstacle à l’efficacité économique et politique ; il est impératif que les responsables de formations politiques prennent l’entière mesure de la responsabilité historique qui est la leur. Les citoyens veulent participer à la construction collective d’un projet d’avenir, répondant aux défis de demain, permettant d’espérer dans un modèle plus juste et plus écologique. Oui nous croyons au progrès social, et oui nous voulons contribuer à le construire ! 

Nous sommes conscients de l’urgence à agir et convaincus que le vote n’épuise pas l’exercice de la citoyenneté. Nous prendrons toute notre place et serons acteurs du monde qui vient ! 

 

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