La candidate Nathalie Arthaud répond aux questions de la CFE-CGC

Cet article provient du site du candidat CFE-CGC.

Le 20 mars dernier, la CFE-CGC a adressé aux 11 candidats en lice à l’élection présidentielle 2017 une série de sept questions. La confédération s’est engagée à publier leurs réponses dès réception.Première à nous avoir répondu : Nathalie Arthaud. Nous publions donc ci-dessous le texte intégral envoyé par la candidate de Lutte Ouvrière.QUESTION 1 : Comment réconcilier l’économie de marché avec l’intérêt général de notre pays ?Nathalie Arthaud : Je n’ai pas d’avis, étant persuadée qu’il n’existe pas « d’intérêt général de notre pays » alors que la société est profondément divisée en classes opposées. Les possédants ont intérêt à utiliser ce genre d’expressions (tout comme celle « d’intérêt général de l’entreprise » dans le cadre du travail). Elles visent à masquer l’opposition d’intérêt et leurs attaques contre l’ensemble des travailleurs. Les politiciens des principaux partis (ou les PDG) parlent d’intérêt général, mais ne servent que celui des plus riches, de leurs véritables donneurs d’ordre.Par contre je veux bien répondre à la question : comment concilier l’économie de marché avec l’intérêt des travailleurs ? C’est simple, ce n’est pas possible. La liberté des plus riches d’utiliser leur argent comme bon leur semble, pour investir dans ce qui leur rapporte le plus, pour nous employer ou nous licencier à leur guise, à leurs conditions est inconciliable avec notre besoin d’avoir un emploi, payé convenablement, dans des conditions correctes. Leur soif de profit les conduit toujours à renforcer l’exploitation, à aggraver la précarité, les horaires et les conditions de travail. Ouvriers, employés, techniciens ou cadres, notre intérêt est de nous y opposer et d’oser défendre nos intérêts, des revendications conformes à nos besoins, sans nous soucier du profit des entreprises, sans respecter les intérêts des plus riches. C’est ce que je défends principalement dans cette campagne.QUESTION 2 : Le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite est fréquemment évoqué comme mesure pour restaurer et pérenniser l’équilibre de nos régimes de retraite. Considérez-vous cette mesure comme pertinente ? Proposez-vous d’autres mesures permettant d’atteindre le même objectif ?Nathalie Arthaud : Relever l’âge de la retraite, comme augmenter la durée de cotisation nécessaire, sont des mesures tout à fait injustes et inacceptables, qui ne contribuent qu’à dégrader la vie de l’ensemble des travailleurs. En réalité, elles aboutissent d’ailleurs essentiellement à faire de beaucoup de travailleurs des retraités plus pauvres, ne touchant qu’une fraction de plus en plus diminuée de leur ancien salaire. De plus, ces mesures n’empêchent aucunement les possédants et les gouvernements à leur service de revenir ensuite à la charge pour nous demander de nouveaux sacrifices. 

Année après année, nous pouvons constater l’aggravation des inégalités à laquelle aboutissent ces mesures. 

Les mesures que je propose et considère comme pertinentes pour le monde du travail consistent non seulement à refuser de nouveaux reculs, mais à revenir à une retraite pleine et entière à 60 ans, avec 37,5 années de cotisation. Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi un travailleur devrait gagner moins à la retraite. Le montant de la retraite ne doit pas être inférieur au salaire, et donc en aucun cas inférieur à 1800 euros net mensuels pour vivre convenablement. 

Pour permettre et pérenniser cela, il faudra bien sûr contrôler les comptes de toutes les entreprises et des plus riches, prendre sur les profits et les grandes fortunes. Ce ne sera que justice.QUESTION 3 : Pouvons-nous, en France, tirer profit de la 4e révolution industrielle sans l’expression des intérêts convergents et contradictoires issue de l’exercice du dialogue social ?Nathalie Arthaud : Je ne suis pas sûre de bien comprendre votre question. Je ne peux redire que les expressions « nous » et « en France » ne sont pas pertinentes pour parler des intérêts du monde du travail, qui sont internationaux et opposés à ceux des plus riches.Quant au « dialogue social », il ne peut être fructueux pour les travailleurs que s’ils sont en mesure d’imposer un rapport de force à leurs employeurs pour contrebalancer celui que ceux-ci imposent en permanence grâce à leurs capitaux, et au chômage et au besoin d’argent des travailleurs. La force des travailleurs est leur place dans la production, leur rassemblement dans la lutte, toutes catégories confondues, la grève, les manifestations, comme les générations précédentes l’ont montré. Si 4erévolution industrielle il y a, elle ne change pas en soi la société, les travailleurs n’y sauvegarderont leurs intérêts qu’en se regroupant et en luttant jusqu’au bout pour eux contre les intérêts capitalistes.QUESTION 4 : Quel avenir pour le statut de la Fonction publique, en y intégrant les contractuels de plus en plus nombreux dans le périmètre du secteur public ?Nathalie Arthaud : L’avenir que nous préparent ceux qui ont une chance d’accéder à la présidence de la République est visiblement fait de dégradations des conditions de statut, d’emploi et de rémunération. Il faudra pour l’ensemble des travailleurs (cadres comme non-cadres) et leurs organisations se préparer à lutter contre ces attaques.L’autre avenir que nous pouvons, nous, envisager, mais qu’il faudra imposer, est une société qui permettra à tous d’avoir un emploi digne, convenablement payé, au service de la collectivité et sans plus faire de différence de statut entre les travailleurs.QUESTION 5 : Comment construire un droit à la formation spécifique pour la population « encadrants et experts » ?Nathalie Arthaud : Je ne sais pas, et ne me situe pas dans ce cadre-là. Nous n’avons pas besoin d’être plus divisés entre travailleurs, de défendre des spécificités, mais au contraire d’être le plus unis possible face aux possédants. Dans le domaine de la formation comme dans les autres je ne défends pas de spécificité pour les cadres, mais au contraire des revendications permettant d’unir le monde du travail.QUESTION 6 : Quelle est votre position concernant le principe de « conditionnalité sociale » dans les accords de libre-échange ? Que pensez-vous de l’élévation du Socle social européen comme levier pour favoriser l’adhésion au projet européen ?Nathalie Arthaud : Les accords de libre-échange, comme l’ensemble de la construction de l’Union européenne, du « projet européen » actuel, visent à fluidifier échanges commerciaux et financiers dans l’intérêt des capitalistes. Les travailleurs n’ont pas de raison d’y adhérer (ni de s’y opposer). Aucun « principe », qu’il soit de conditionnalité sociale ou autre, ne permettra d’obliger les capitalistes à respecter les travailleurs. Tant qu’on reste dans le cadre de l’économie capitaliste, on ne peut que les faire reculer provisoirement par le rapport de force. La « conditionnalité sociale » n’existera vraiment que lorsque les travailleurs auront mis en place une autre économie, dirigée par eux et visant la satisfaction des besoins collectifs : c’est cette perspective que je défends.Il est bien sûr souhaitable que le « socle social » s’élève, en Europe comme ailleurs. Mais pour cela il faudra des luttes puissantes, car le patronat fait tout au contraire pour le raboter, et les gouvernements l’y aident, comme le montre la loi El Khomri adoptée l’année dernière.QUESTION 7 : Quelles mesures envisagez-vous afin de développer l’égalité des chances des personnes en situation de handicap dans leur cursus scolaire, universitaire et pour leur accès à un emploi de cadre ou technicien ?Nathalie Arthaud : Je milite pour l’égalité tout court, pour l’égalité d’accès aux richesses de cette société. Par définition d’ailleurs les personnes handicapées ont moins de chances que les autres. Le rôle d’une société digne de ce nom est de corriger cela et d’offrir une place digne à tous.Par exemple, les personnes handicapées doivent être intégrées au maximum dans le domaine éducatif, mais cela suppose bien entendu des moyens humains considérables pour leur apporter toute l’aide spécifique indispensable. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas et ils sont bien souvent inclus dans des classes a minima, ce qui leur pose de nombreux problèmes, ainsi qu’à leurs enseignants. Toute personne, handicapée ou pas, devrait avoir accès à un emploi accessible pour elle. Mais il est évident qu’à une époque où le chômage de masse est devenu une constante de la société capitaliste, on ne va pas dans cette direction, et que les plus faibles (en particulier ceux qui sont en situation de handicap) en sont les premières victimes, de même qu’ils ont plus difficilement accès encore aux postes à responsabilité. Les militants syndicaux doivent souvent intervenir pour tenter de faire respecter ne serait-ce que la législation existante par les employeurs.L’égalité, qui suppose de nombreux aménagements en faveur des personnes handicapées, il faudra l’imposer dans tous les domaines. Seul le camp des travailleurs sera à même de porter cette idée jusqu’au bout. 

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