BI&T a interviewé pour vous M. Jean-Paul Lacam, délégué général du Centre Technique des Institutions de Prévoyance (CTIP).
1) Les négociations sur les retraites complémentaires devraient fixer une ligne sur la fusion des groupes de protection sociale. Où en est le plan “3+1” du MEDEF ?
Le schéma suivant lequel subsisteraient à terme trois grands groupes interprofessionnels et un groupe professionnel est régulièrement évoqué, mais à ma connaissance il n’existe aucun texte officiel à ce sujet. Bien sûr, il y a des regroupements et des partenariats envisagés comme nous le rappelle l’actualité du moment. Sachez que le CTIP compte aujourd’hui 41 IP dont 27 faisant partie des 13 groupes de protection sociale et 14 demeurant indépendantes.
2) La Cour des Comptes a évoqué les méthodes disparates de gestion des groupes. Que vous inspirent ces remarques ?
La Cour des Comptes intervient sur le seul champ de la retraite complémentaire AGIRC-ARRCO géré par les groupes de protection sociale. Ses observations ne concernent donc pas les institutions de prévoyance dont le CTIP est porte-parole. Je ne ferai donc aucun commentaire.
3) Certains s’inquiètent des répercussions de la généralisation de la complémentaire santé sur les comptes des groupes. Comment percevez-vous ce risque ?
La généralisation de la complémentaire santé va concerner plus de 4 millions de salariés, qui étaient non couverts aujourd’hui ou couverts à titre individuel. Pour des spécialistes de la gestion des contrats collectifs que sont les institutions de prévoyance, il s’agit d’une vraie opportunité pour permettre une amélioration des garanties et des coûts pour les entreprises et les salariés. Toutefois, ce mouvement de marché s’accompagne d’un renforcement sans précédent du nombre d’intervenants dans le domaine de la santé collective, alors que la concurrence est déjà exacerbée. De cette concurrence, il résulte des équilibres techniques et financiers réduits pour l’ensemble des acteurs. Mais, les institutions de prévoyance ont toujours su gérer la complémentaire santé et préserver leurs équilibres techniques et leur solvabilité, au bénéfice des entreprises et des salariés couverts. C’est pour cela qu’elles présentent un taux de redistribution des cotisations parmi les plus élevés du marché. Les institutions de prévoyance sont donc bien placées pour appréhender de façon sereine la généralisation de la complémentaire santé.
4) Selon vous, quelle place doit subsister pour les accords de branche en protection sociale complémentaire ?
Les accords de branches ont toujours existé en la matière. Je ne vois aucune raison pour laquelle une branche pourrait renoncer à utiliser l’accord pour promouvoir un certain niveau de protection sociale avec des garanties adaptées aux spécificités de leurs métiers.