Intelligence artificielle : il faut s’adapter aux défis selon la CFE-CGC

Cet article provient du site du syndicat CFE-CGC.

 

À la fois vecteur d’opportunités et de risques, l’intelligence artificielle s’invite dans le débat public. Comment se positionner face à un phénomène dont le rapide développement va impacter l’emploi, l’organisation du travail et notre quotidien ? La CFE-CGC s’empare du sujet et fera entendre sa voix. Explications avec Alain Giffard, secrétaire général confédéral. 

La CFE-CGC organise le 30 mars prochain à Paris (Maison de la Radio) un colloque dédié à l’intelligence artificielle, source de progrès mais aussi d’inquiétude. Pourquoi cette thématique ? L’intelligence artificielle fait irruption partout, à une vitesse vertigineuse : dans la santé, le droit, le secteur bancaire, bientôt nos smartphones… L’IA, désormais capable de battre les meilleurs joueurs mondiaux au jeu de go et au poker, va grandement influencer notre quotidien personnel et professionnel. C’est un phénomène sociétal, social et économique avec des impacts systémiques car au-delà de l’intelligence artificielle, on touche aux problématiques liées à la robotisation, à l’automatisation des tâches, à la raréfaction du travail, à l’ubérisation, aux nouvelles formes d’emploi, à la formation professionnelle, au temps de travail…L’intelligence artificielle a déjà et aura une influence majeure sur de nombreux métiers, sur l’organisation du travail, sur le management et sur le quotidien des populations de l’encadrement représentées par la CFE-CGC. C’est un sujet au long cours : il est du devoir d’une grande organisation syndicale d’être proactive pour réfléchir, anticiper et s’adapter aux grands défis posés par cette nouvelle révolution industrielle. 

“Un grand nombre de métiers vont évoluer sous l’effet de l’IA et de la robotique” 

Vous insistez sur la rapidité du phénomène…Contrairement aux précédentes révolutions industrielles réalisées sur plusieurs décennies, celle-là va se faire sur un laps de temps très court de quelques années. L’intelligence artificielle s’apparente à un tsunami qui peut nous submerger si nous ne sommes pas préparés pour encadrer l’usage de ces nouvelles technologies. 

Selon une étude publiée en mai 2016 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 9 % des emplois sont menacés par les robots. La robotique et l’intelligence artificielle vont-t-elles transformer ou détruire le travail ? Un grand nombre de métiers – experts-comptables, professionnels de santé, de l’information, notaires, conducteurs de véhicules, aides à domicile etc. – sont susceptibles de voir leur contenu évoluer sous l’effet de l’IA et de la robotique, capables d’apprendre et de travailler des masses considérables de données. Dans un premier temps, des salariés vont peut-être rester sur le carreau et devoir se reconvertir. D’où l’impérieuse nécessité de filets de sécurité et le développement de la formation puisque le progrès technique exige toujours plus d’expertises et de compétences avec des salariés aux profils très qualifiés nécessitant de nouvelles formes de management. 

“Il faut investir massivement dans la formation professionnelle”Dans les métiers de la banque, les transformations induites par le logiciel d’intelligence artificielle Watson, développé par IBM pour aider les conseillers, sont déjà palpables. Comme l’a récemment rappelé Régis Dos Santos (ndlr : président du Syndicat National de la Banque CFE-CGC), les personnels en agence sont aujourd’hui des généralistes, maîtrisant 80 à 110 produits à disposition de la clientèle. Or, demain, on n’en aura plus besoin car leurs tâches opérationnelles (réponses aux e-mails des clients, vérifications réglementaires, opérations de conformité etc.) seront réalisées par Watson, un outil remarquable. Ces gains de temps doivent permettre aux commerciaux de se recentrer sur leur vrai métier, celui de conseiller expert. Là encore, il convient d’investir massivement dans la formation des conseillers pour garantir leur employabilité aux côtés des systèmes d’intelligence artificielle. Et ainsi limiter l’impact des inéluctables fermetures d’agences et des non-remplacements de départs à la retraite sous le double effet de la révolution digitale et de la conjoncture économique. 

Certains estiment que quand la machine se substitue à l’homme pour remplir une tâche, la création de richesses réalisée doit être soumise à l’impôt. Faut-il taxer les robots ?La réponse doit s’inscrire dans une analyse plus globale de la taxation. L’essentiel du financement de la protection sociale est issu des salaires. Si demain, il y a moins d’emplois, il y a un risque de sous-financement de la protection sociale et, par extension, un problème d’assiette de l’impôt. Ce qui revient, pour une entreprise, à opposer un risque d’arbitrage entre les coûts (salaire contre investissement) et un risque économique et social (délocalisation). 

Comment faut-il appréhender le cadre juridique de l’intelligence artificielle ? A partir du moment où les robots vont être capables d’apprendre et de modifier eux-mêmes les programmes et les logiciels, on peut imaginer à terme qu’ils puissent décider à la place de l’homme ! Il y a là une potentielle remise en cause de notre libre-arbitre. C’est donc une vraie question de déterminer jusqu’où le législateur doit d’ores-et-déjà encadrer le développement des robots. De nombreuses questions se posent, y compris éthiques. Un exemple parmi d’autres : faut-il interdire l’utilisation des drones dits intelligents ? 

 

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