Hamon, Mélenchon, ou la rupture historique de la gauche avec l’esprit mutualiste

Jusqu’ici, il existait une osmose de la gauche avec l’esprit mutualiste. Disons même qu’être mutualiste voulait souvent dire être de gauche, et être de gauche voulait souvent dire être mutualiste. Et patatras! Voilà que la campagne électorale révèle brutalement que cette histoire d’amour glisse à une vitesse fulgurante vers une rupture en bonne et due forme. 

Mélenchon en conflit frontal

Jean-Luc Mélenchon est le premier à avoir officialisé la rupture, en proposant la sécurité sociale intégrale, c’est-à-dire l’intégration des complémentaires santé au régime général. En assumant cette idée, Mélenchon a franchi son Rubicon. Il reconnaît le but ultime de la sécurité sociale “inventée” en 1945: exproprier toute forme d’initiative non étatiste dans le domaine de la santé. C’en serait donc fini de la vieille tradition mutualiste française qui a structuré pendant plusieurs décennies le peuple de gauche: place à l’institution publique. 

Mélenchon avoue donc sa préférence pour la soumission à l’Etat

Officiellement, Mélenchon est un insoumis. Il préconise une démarche collaborative issue de la société civile. Mais la première forme de collaboration s’appelait la mutualité… et c’est elle qu’il veut supplanter aujourd’hui au profit d’une machine étatique qui ne laisse aucune place aux choix individuels. Ou comment habiller un programme autoritaire sous des apparences indisciplinées. 

En voilà du marketing politique. 

La mutualité officialise à son tour la fâcherie historique de la gauche avec l’esprit mutualiste

Du coup, la Fédération Nationale de la Mutualité Française (FNMF) n’a pas trouvé la bonne date pour inviter Mélenchon à son road show sur la santé. Celui-ci s’en est plaint et a expliqué que sa proposition était géniale. Il imagine tout simplement de transformer les cotisations payées par les assurés et les employeurs aux complémentaires santé en cotisations de sécurité sociale. C’est simple comme bonjour, et ça devrait bien entendu marcher… Car, c’est bien connu, la sécurité sociale, c’est efficace, alors que les complémentaires santé, non. 

Bref, rupture entre les parties! 

Hamon y va plus discrètement

De son côté, Benoît Hamon y va plus discrètement. Il ne propose pas de rupture officielle avec la mutualité. Mais il avance son idée d’une taxe sur les robots pour financer la sécurité sociale. Déjà que la France est en retard sur la robotisation… m’enfin bon… 

L’idée mérite d’être bien décortiquée pour être comprise. C’est que propose Benoît Hamon n’est rien d’autre qu’une fiscalisation de la sécurité sociale. Simplement, au lieu d’être assise sur les revenus des particuliers, la fiscalité de la sécurité sociale serait assise sur les revenus des entreprises équipées de robots. Ce principe est en contradiction complète avec l’idée même de la protection sociale mutualiste qui visait à organiser entre assurés une solidarité permettant de protéger chacun contre les risques de la vie. 

Ce principe d’une mutualisation par la contribution est mort avec Benoît Hamon. Son programme veut en réalité transformer la sécurité sociale en politique publique. Protéger, oui. Mutualiser, non. 

Le glissement historique de la gauche à rebours de la mutualité

Reste que cette campagne électorale aura permis de mesurer la rupture profonde entre la gauche et l’esprit mutualiste. Sous format mélenchonien ou hamonien, la “gauche de la gauche” en France s’est ralliée à une vision de la protection sociale verrouillée par l’Etat et en rupture complète avec la liberté individuelle, telle que la philosophie mutualiste l’imaginait. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

WTW France lance un outil pour aider les entreprises à anticiper l’impact de la baisse des IJSS

Ce communiqué de presse a été diffusé par WTW France. La Défense, le 9 avril 2025 – Pour répondre à la récente réforme impactant le calcul des indemnités journalières de la Sécurité sociale, WTW lance un simulateur permettant aux entreprises d'évaluer précisément les conséquences financières de cette mesure sur leur régime de prévoyance. Une avancée essentielle pour les employeurs soucieux d'anticiper et de gérer efficacement les coûts liés à...

Avis d’extension et d’élargissement d’un avenant à un accord de régime de retraite complémentaire (AGIRC-ARRCO)

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles et la ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, chargée du travail et de l'emploi, envisagent d’étendre et d’élargir par avis publié le 9 avril 2025, l'avenant n° 26 à l'accord national interprofessionnel instituant le régime de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO. L'avenant n° 26 modifie les articles 57, 86 et 88 de...