Cet article provient du site du syndicat FO.
Les musiciens et choristes de l’opéra de Toulon étaient en grève le 5 avril à l’appel de trois syndicats dont FO. Ils dénoncent des salaires inférieurs aux minima conventionnels et une dégradation des conditions de travail.
La répétition générale de l’Enlèvement au sérail a dû être annulée le 5 avril à l’opéra de Toulon. La totalité des musiciens de l’orchestre et les trois quarts des choristes étaient en grève à l’appel de trois syndicats. Ils ont repris le travail le 6 avril, pour que les représentations puissent se tenir, par respect pour le public. Mais des tracts ont été distribués aux spectateurs et la mobilisation pourrait reprendre.
Les artistes, qui ne s’étaient pas mis en grève depuis 2004, dénoncent un salaire inférieur de 10 à 20 % aux minima conventionnels. Le désaccord porte sur la prise en compte de la prime d’ancienneté. Actuellement, pour les choristes et les musiciens, cette prime est intégrée au salaire de base, qui peut ainsi dépasser les minima de la grille.
Les syndicats estiment au contraire que l’ancienneté doit s’ajouter à la rémunération conventionnelle, comme c’est le cas pour les autres salariés de l’opéra, personnel administratif ou technique. Le manque à gagner atteint, selon les délégués, de 350 à 460 euros par mois. Sur les 177 salariés en équivalent temps plein, l’opéra compte 27 choristes et 31 musiciens.
La prime d’ancienneté englobée dans le salaire
Au cœur du désaccord, une clause des textes applicables aux choristes, qui indique que le salaire minimum peut inclure les primes structurelles. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de définition d’une prime structurelle, explique Nathalie Marinolli, déléguée FO. Quant à la convention applicable aux musiciens, elle est muette sur la question. Nous demandons l’égalité de traitement avec les autres salariés. L’inspection du travail va dans notre sens, comme la jurisprudence.
Les syndicats sont d’autant plus remontés que le salaire des cadres explose. Dans les catégories les plus élevées, il dépasse de 40 à 80 % le salaire conventionnel. La direction se vante que la masse salariale soit 10 % plus élevée que ce qui se fait en France, poursuit Jérôme Bonifacio, secrétaire du CE et clarinettiste. Et en face elle nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour les artistes qui coûtent trop cher.
Les délégués dénoncent aussi une dégradation de leurs conditions de travail, avec une baisse du nombre de répétitions et moins de levers de rideaux. Ils déplorent également la suppression de six postes de choristes depuis 2004 et un poste vacant chez les musiciens.
La mobilisation pourrait reprendre dans un mois
Le bras de fer avec la direction et les autorités de tutelle, la communauté d’agglomération Toulon Provence Méditerranée et le Conseil départemental du Var, dure depuis octobre. Suite à un courrier resté sans réponse, les syndicats ont déposé en janvier un préavis de grève pour le spectacle d’avril. Ils avaient trois mois pour négocier, poursuit Jérôme Bonifacio. Mais la tutelle nous a reçus en mars pour nous dire qu’elle n’avait pas d’argent.
Depuis la mobilisation du 5 avril, les syndicats restent sans nouvelle de la direction. Elle nous a juste envoyé un mail pour nous remercier d’avoir maintenu les représentations du Sérail et nous dire qu’elle servirait d’interface avec la tutelle, souligne Nathalie Marinolli.
Le prochain spectacle, Roméo et Juliette, est programmé en juin. Si les négociations ne sont pas lancées dans un mois, on relancera la grève, et cette fois-ci durant les représentations, prévient-elle. Les artistes réfléchissent aussi à saisir les prud’hommes pour faire valoir leurs droits.