Grève du 22 mars : FO, la CGT et l’UNSA satisfaits

Au lendemain de la grève du 22 mars 2018, les syndicats de salariés dressent leur premier bilan. 

 

L’UNSA bien représentée :

Luc Bérille était présent aux côtés de Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA ferroviaire, lors de la forte mobilisation des cheminots hier à Paris. 

Avec l’intersyndicale de la SNCF, l’UNSA Ferroviaire avait mis en garde le gouvernement contre un recours aux ordonnances qui sonnerait comme un passage en force, dans un dossier complexe où le dialogue et la concertation doivent primer. 

N’ayant pas été entendue, l’UNSA Ferroviaire avait décidé d’appeler à une manifestation nationale des cheminots le 22 mars. 

Lors de son Conseil National qui s’est tenu les 21 et 22 mars, toutes les fédérations, les unions départementales et régionales de l’UNSA ont affirmé leur soutien à l’UNSA ferroviaire, conscientes que la réforme voulue pour la SNCF peut préfigurer des évolutions similaires dans d’autres secteurs notamment au sein de la Fonction Publique. 

Après la publication du rapport Spinetta, le gouvernement a annoncé une réforme de la SNCF dans le cadre de la transcription de la directive européenne d’ouverture du marché ferroviaire à la concurrence. 

L’UNSA Ferroviaire, 2ème syndicat de la SNCF, n’a jamais été contre les évolutions nécessaires pour développer l’attractivité du ferroviaire. 

Mais elle estime, et l’UNSA avec elle, que le gouvernement ne doit pas se tromper de cible : Le statut des cheminots n’est pas le principal obstacle au bon fonctionnement du système ferroviaire. 

C’est d’abord la question de la dette et du financement global de la SNCF qui doit être traitée. Les investissements massifs dans les lignes à grande vitesse décidés par l’Etat sont en effet largement responsables du manque d’entretien et du délaissement des petites lignes, nuisant notamment à la qualité de service due aux usagers. 

Des concertations se sont ouvertes le 1er mars avec le ministère du Transports. 

L’UNSA Ferroviaire y fait valoir ses mandats. Elle transmettra notamment à la ministre des éléments par métier sur les contraintes du transport ferroviaire, en particulier en matière d’exploitation, de travail de nuit ou de continuité de service. 

 

FO souligne une mobilisation solidaire public-privé :

Infirmières, enseignants, personnels des collectivités territoriales, des préfectures, de la sécurité sociale, policiers, agents des finances, de l’Equipement… Ils étaient ce 22 mars des centaines de milliers d’agents publics (fonctionnaires et contractuels) à défiler à Paris et en province dans les quelque 180 cortèges organisés dans le cadre de la grève dans la fonction publique. Un appel lancé dans les trois versants de la fonction publique (État, hospitalière et territoriale) par sept organisations syndicales de fonctionnaires dont l’UIAFP-FO (interfédérale FO). Dans les cortèges, de nombreux jeunes mais aussi des retraités et des salariés du secteur privé. 

Près de 10 000 manifestants à Nantes, quasiment le même effectif à Lyon, près de 5 000 à Rouen, plus de 40 000 à Paris, 6 000 à Saint-Etienne, 4 500 à Perpignan… Si les taux de grévistes dans les services ne sont pas encore précisément connus, cette journée d’actions dans la fonction publique à l’appel de sept organisations syndicales dont les fonctionnaires FO (UIAFP-FO) a été à l’évidence particulièrement suivie par les agents. 

« Défendre un modèle de société » 

Ils ont ainsi fait entendre leurs revendications. Alors que le gouvernement a décidé de geler les salaires en 2018, de rétablir le jour de carence pour maladie et n’a compensé qu’imparfaitement la hausse de la CSG, les agents demandent une hausse générale du point d’indice (base de calcul de tous les salaires dans la fonction publique). Et pour cause, ils ont perdu 16% environ de pouvoir d’achat depuis 2000. 

La revendication salariale évidemment centrale ne constitue pas la seule demande. Aux prises avec plusieurs projets de réformes (développement du contrat, du salaire au mérite, projet de plan de départs…) présentés par le gouvernement le 1er février dernier, les agents ont exprimé ce 22 mars leurs inquiétudes quant à l’avenir du statut général de la fonction publique, ses missions et ses emplois. 

Plus largement et alors que l’on remarquait dans les cortèges la présence de nombreux jeunes, mais aussi de retraités et de salariés du secteur privé, les agents publics ont souligné ce jour leur volonté de défendre un modèle de société ainsi que le déclarait Christian Grolier pour les fonctionnaires FO. De son côté, en déplacement à Marseille, le secrétaire général de la confédération FO, Jean-Claude Mailly rappelait qu’il ne peut y avoir de République sans colonne vertébrale et la colonne vertébrale c’est le service public. 

Des jeunes, des retraités, des salariés du privé…  

Au cœur des cortèges, en province où à Paris –où les cheminots ont rejoint les agents place de la Bastille– les manifestants ont scandé leur attachement à la fonction publique et à ses caractéristiques statutaires. À Paris, dans les rangs du cortège FO, on pouvait aussi rencontrer des personnels retraités de la Sécurité sociale à côté de salariés d’entreprises du secteur de la métallurgie, des télécommunications, de l’énergie, de l’informatique, de la banque venus par solidarité. 

Les banderoles brandies en disent long sur les préoccupations des uns et des autres. Salariés public, privé, solidarité pouvait-on lire sur les banderoles de manifestants à Paris ou encore facs+Ehpad­+SNCF+fonction publique = biens communs. Un manifestant résumait paraphrasant le slogan du président américain Make public service great again autrement dit rendons sa grandeur au service public. 

La défense nécessaire des missions publiques 

Dans le cortège parisien, Catherine professeur des écoles aux Mureaux (Yvelines) et militante FO s’inquiétait d’une volonté du gouvernement de généraliser le système du contrat. Pour cette enseignante défendre le statut général de la fonction publique, l’indépendance du fonctionnaire, sa neutralité… C’est défendre la mission publique de l’école, la garantie de sa portée nationale. 

Près de là, Maurice, aide-soignant à l’hôpital Lariboisière, 18 ans d’ancienneté et lui aussi militant FO s’alarmait. Le gouvernement veut attaquer le statut général pour ensuite s’attaquer à nos pensions. Un collègue, Stéphane, agent administratif faisait part de ses craintes. Détruire le statut, recourir plus massivement encore aux contractuels… Mais le gouvernement cherche-t-il à éjecter les agents de la fonction publique ? 

Retraités de la Sécurité sociale, militant FO, Jean a participé le 15 mars à la manifestation des retraités. Aujourd’hui il est venu par solidarité avec les actifs, les agents publics. Le retraité prévient quand un gouvernement s’attaque aux salaires des actifs, ça veut dire que les autres n’ont qu’à bien se tenir. 

Le choc des projets de réformes 

Annie et Sandrine, travaillent à la CPAM du Val-d’Oise. Militantes FO, elles sont venues dire que les attaques envers les services publics, ça suffit. Et quelles sont les conditions de travail de ces salariés de la Sécurité sociale ? Elles pestent contre les menaces qui pèsent sur leur convention collective, les suppressions d’emplois dans les services de la Sécu et le remplacement d’un poste sur quatre seulement lors des départs en retraite, la charge de travail qui augmente sans cesse, le manque de reconnaissance, les restructurations de services et leur mutualisation qui déglinguent l’organisation du travail… 

Pas loin du groupe, une enseignante de l’Essonne se dit profondément choquée par les annonces récentes de réformes à destination de la fonction publique. Dans l’enseignement explique-t-elle on a une obligation de qualité mais l’administration ne nous en donne pas les moyens. Ses critiques fusent : La formation continue disparaît peu à peu, l’Education peine à recruter des instits, beaucoup de contractuels abandonnent le travail. Ils sont des travailleurs fragilisés. Et le gouvernement voudrait qu’il y en ait davantage encore ? 

Philippe est un salarié du secteur privé. Il travaille dans le groupe Continental. Militant FO Métaux il insiste sur les raisons de sa présence. Nous sommes là pour défendre les services publics et à travers eux la garantie d’une égalité de traitement des citoyens. Or cela est actuellement en danger. 

« La fonction publique est un rempart » 

Maurice, militant FO et retraité du secteur de la métallurgie assure qu’il se sent concerné aussi bien par le projet de réforme de la SNCF, la question du statut des cheminots que la situation difficile des hôpitaux. Je me sens solidaire des fonctionnaires. Par ces projets, notamment sur les IRP (instances représentatives des personnels) le gouvernement veut aussi casser la force syndicale. 

La volonté du gouvernement de renforcer la notion de mérite individuel dans le salaire des agents ? Dans le secteur privé on connaît déjà cela, l’individualisme, c’est terrible. Michèle militante FO Métaux elle aussi et salariée de l’entreprise informatique ATOS acquiesce. Le salaire au mérite c’est destructeur pour l’être humain concerné mais aussi pour le collectif de travail. 

La salariée fulmine : mais comment peut-on vouloir mettre en place cela dans le secteur public alors qu’il n’a pas vocation que je sache à faire du fric. Si nous les salariés du privé nous sommes là c’est pour dire qu’il faut refuser cet alignement général par le bas. Au plan des salaires, de la réglementation, des statuts. 

Pour Bruno et Mireille, salariés du secteur bancaire le combat des fonctionnaires est finalement le même que celui du privé, notamment face au risque actuel de voir disparaître les corps intermédiaires, le paritarisme…. Pour ces deux militants FO la Fonction publique est un bien précieux, un rempart notamment contre les inégalités sociales. 

Ces salariés du privé s’affirment très conscients de l’importance qu’il y a à préserver la fonction publique et ses missions. D’ailleurs indique malicieusement Bruno nous sommes là aujourd’hui comme les jeunes, les retraités, les fonctionnaires. C’est peut-être le début d’un grand mouvement de contestation… 

 

La CGT pense déjà à la suite :

La réussite de la journée unitaire de mobilisation dans différents secteurs professionnels (Fonction Publique, Cheminots, Énergie, Transport, etc.) s’est traduite par plus de 180 rassemblements et manifestations partout en France, regroupant plus de 500 000 manifestants dans les rues. 

Tous et toutes ont marqué, aussi par la grève, leur attachement aux services publics. 

Contrairement aux choix gouvernementaux de régression sociale, ils ont exigé le développement des services publics et les moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions, le renforcement de leurs statuts et conventions collectives. 

Le gouvernement poursuit sa politique de régression sociale. Il continue notamment à supprimer des milliers de postes dans la fonction publique, à privatiser les entreprises publiques, à mépriser les salariés et les retraités par l’abaissement généralisé de leurs salaires et de leurs pensions. En même temps, il multiplie les milliards d’euros de cadeaux aux actionnaires et montre ainsi son véritable visage en étant au seul service du capital et des plus riches. 

Sourd aux propositions du monde du travail, le gouvernement fait le choix de la confrontation sociale ! 

Le gouvernement doit entendre l’exigence sociale, il doit prendre la mesure des oppositions à sa politique et prendre en compte les alternatives portées notamment par la CGT. 

La CGT appelle les travailleurs, les privés d’emploi, les retraités et les jeunes à prendre leur avenir en main, à construire leurs revendications et à agir dans l’unité syndicale la plus large pour imposer le progrès social. 

C’est dans cette démarche et dans la recherche de convergence des luttes que la CGT propose l’organisation d’une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle le 19 avril prochain. 

Ce sera l’occasion de porter les revendications sur le pouvoir d’achat (salaires, pensions, minima sociaux), l’emploi et la protection sociale, les services publics et les droits collectifs. 

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