Alors que les blessés des mouvements Gilets Jaunes doivent combattre pour tenter de retrouver une vie normale malgré leurs blessures, les assureurs rechignent à couvrir les frais de santé au motif que ces blessures sont arrivées lors d’évènements illégaux. Une décision qui laisse bien souvent les familles très démunies.
Les causes exactes de l’importante blessure de Jérôme Rodrigues, figure emblématique du mouvement Gilets Jaunes, ce samedi sont encore inconnues. Vraisemblablement, deux versions s’opposent : l’homme qui risque de perdre son oeil affirme avoir été pris pour cible par les forces de l’ordre qui lui auraient jeté une grenade de désencerclement aux pieds avant de lui tirer dessus au LBD. Mais les forces de l’ordre récusent le tir au LBD et explique que c’est une grenade de désencerclement lancée dans la foule qui l’aurait blessé à l’oeil.
Toujours est-il qu’il rejoindra la (trop longue ?) liste des blessés en marge des manifestations. Lors de son audition devant les députés, Christophe Castaner estimait que “quatre personnes ont eu des atteintes graves à la vision.” Du côté des Gilets Jaunes, ce chiffre serait très largement sous-évalué, de même que l’éventail de blessure serait bien plus large.
Après les manifestations, blessés ou mutilés entament un deuxième combat bien moins connu : celui de la prise en charge des soins. Une couverture qui n’est que très rarement prise en charge par les assurances et mutuelles.
“Sont exclus les sinistres résultant de mouvements populaires, d’émeutes”
Le 24 novembre dernier, Gabriel, 21 ans et apprenti chaudronnier, perd sa main après l’explosion d’une grenade GLI-F4 lancée par les forces de l’ordre. Un combat de tous les jours pour passer les opérations et retrouver un semblant de vie normale. Mais aussi un combat pour sa mère qui s’est vu expliquer par Harmonie Mutuelle que les frais médicaux ne seraient pas pris en charge.
Pour réduire les coûts, Gabriel ne reste pas à l’hôpital entre deux opérations et sa mère lui prodigue les soins nécessaires une fois sur deux. Cette dernière ne sait même pas si elle pourra lui payer une prothèse. Du côté du jeune homme, sa carrière de chaudronnerie prend fin, de même que son salaire qui passe de 1 200€ à 300€ versés par l’Assurance Maladie.
Ainsi, plusieurs groupes assureurs refusent de prendre en charge les frais inhérents à des blessures contractées durant les mouvements sociaux. Et pour cause, dans de nombreux contrats figure la mention “ont exclus les sinistres résultant de mouvements populaires, d’émeutes“.
La quasi-totalité des contrats de prévoyance français excluent des garanties les blessures causées lors de ces événements.
Le Parisien
Les mouvements Gilets Jaunes n’étant pas déclarés en préfecture, ils sont catégorisés par les assureurs comme étant illégaux. Reste éventuellement la voie judiciaire mais là encore, l’horizon n’est pas des plus réjouissant. Peu de plaintes aboutissent. Quelques assureurs disposent néanmoins de fonds de garantie interne pour certains cas particuliers.
“Erreur d’interprétation”
Contactée, Harmonie Mutuelle a affirmé que “l’assureur en question sera bien évidemment remboursé de ses frais médicaux. Dès que nous avons été informés de cette situation, nous avons rappelé que notre métier est de protéger les personnes.”
Si un accident est intervenu pendant ces évènements, les personnes seront bien sûr toutes indemnisées. La position de la mutuelle est de prendre en charge toute personne ayant subi des dommages reconnus médicalement dans le cadre des manifestations des gilets jaunes.
Harmonie Mutuelle
L’assureur explique que le conseiller a commis une “erreur d’interprétation” et qu’une “enquête interne a été ouverte pour comprendre ce qu’il s’est passé.”