Depuis sa mise en cause par la justice en 2007, Denis Gautier-Sauvagnac s’est retiré de la vie publique. Il a accepté de briser le silence pour le site Décider & Entreprendre. Il nous raconte ses années UIMM et la façon dont le paysage social français s’est construit autour d’un modèle de capitalisme social dans les années 90 et 2000.
Denis Gautier-Sauvagnac a, avant l’interview, beaucoup répété que ses propos n’intéressaient plus personne. Il n’a rien perdu de sa superbe, de son urbanité, de cette élégance bourgeoise, bien élevée, avec sa précision de langage et son agilité de pensée.
Nous n’avons pas voulu l’interroger sur “l’affaire” qui, de notre point de vue, est un arbuste anecdotique qui a caché et cache encore une forêt bien plus importante pour notre respiration quotidienne: celle d’un modèle de capitalisme où les partenaires sociaux participent à la rédaction des normes. Sur ce point, Denis Gautier-Sauvagnac a longuement disserté, notamment lorsque nous lui avons demandé s’il ne regrettait pas d’avoir participé à la co-écriture du code du travail.
Sous nos yeux, Denis Gautier-Sauvagnac a au fond accepté de dessiner le paysage social tel que le mouvement patronal auquel il appartenait le concevait, tel qu’il peut le comprendre demain. À rebours des fantasmes distillés par la France Insoumise et quelques autres, c’est un monde fait de protections, de négociations, de normes sociales élevées qui mettent les salariés français à l’abri d’une concurrence sauvage qui n’existe que dans l’esprit des fonctionnaires devenus élus de la République.
Les analystes verront volontiers dans l’ère Macron une tentative obscure d’échapper à ce carton devenu souvent carcan. Les entreprises innovantes peinent en effet à développer leur activité dans cette réglementation adaptée à un monde taylorisé, mais obsolète pour le reste.
Quant à “l’affaire”, nos lecteurs savent que la protection sociale complémentaire paritaire génère plus de cash que l’UIMM n’a pu le faire. Encore aujourd’hui !
Retrouvez l’intégralité des propos de Denis Gautier-Sauvagnac dans les articles suivants :
– Denis Gautier-Sauvagnac : “Il fallait paritariser l’ANPE au lieu d’étatiser l’UNEDIC”
– Denis Gautier-Sauvagnac : “Au MEDEF, nous recherchions toujours l’intérêt général”
– Denis Gautier-Sauvagnac : “La libre-concurrence doit être organisée”
– Denis Gautier-Sauvagnac : “L’inversion de la hiérarchie des normes date de 2001”
– Denis Gautier-Sauvagnac : “Il n’y avait pas de corruption avec les parlementaires”