Dans le cadre de la réforme “sur le grand âge et l’autonomie” qu’il a prévu de mettre en oeuvre l’an prochain, le gouvernement vient de lancer officiellement une “concertation nationale” sur le sujet. Jusque janvier prochain, tous ceux qui le souhaitent pourront participer à cette concertation. Si le processus se veut ouvert et démocratique, la question de son utilité réelle est toutefois difficile à mettre de côté.
Un enjeu de taille
Afin de bien insister sur la nécessité d’une réforme de la prise en charge des personnes très âgées, le ministère des Solidarités et de la Santé rappelle d’une part le “véritable défi démographique” que constitue ce groupe social. 4,8 millions de Français seront âgés de 85 ans et plus en 2050, soit un chiffre 3,2 fois plus élevé qu’en 2017. Plus encore, en 2030, le nombre de “personnes en perte d’autonomie” atteindra “1,6 millions” et continuera d’augmenter, jusqu’à s’élever à “2,45 millions” en 2060. Pour ces personnes très âgées de plus en plus nombreuses, le gouvernement veut définir un stratégie destinée à “avancer vers une société davantage inclusive et protectrice”. En particulier, il s’agit de faire en sorte “d’assurer de manière durable la réponse au risque de perte d’autonomie liée à l’âge”.
Le dispositif de la “concertation”
L’enjeu du “grand âge” concernant tous les Français, le gouvernement tient à faire savoir qu’il leur permet à tous de s’exprimer. Il a lancé hier une “large consultation citoyenne”, à l’adresse : grande-consultation-aines.make.org, afin “de mobiliser massivement la société sur cet enjeu”. Parallèlement à cela, des “groupes d’expression” et “entretiens individuels” réuniront des “personnes âgées, aidants et professionnels” afin qu’ils fassent part de “leurs besoins, attentes et idées”. Ces échanges pourront contribuer à ceux de “forums régionaux” réunissant “plusieurs centaines de spécialistes et d’acteurs locaux”. Enfin, dix ateliers thématiques nationaux “regrouperont des représentants de l’Etat et des collectivités, des experts ainsi que les représentations des associations et des fédérations d’usagers et de professionnels”. Dominique Libault, ancien directeur de la Sécurité sociale, doit coordonner l’ensemble du dispositif.
Une “concertation” à toutes fins utiles
L’usine à gaz de la “concertation” et le goût macronien pour la centralisation des décisions étant ce qu’ils sont, il est évidemment tentant de penser que ceux d’entre les Français qui prendront un peu de leur temps afin de donner leur avis sur la plateforme internet ainsi que ceux qui participeront plus activement aux autres formes d’échanges, le feront sans que ceci n’ait guère d’effets sur les décisions qui seront finalement prises. On peut d’ailleurs compter sur M. Libault pour mener rondement l’affaire… A l’issue des discussions, en janvier prochain, le gouvernement pourra alors annoncer ses mesures en se félicitant d’avoir associé les Français à leur élaboration. L’un des enjeux fondamentaux de la réforme étant son financement, l’exécutif pourrait alors se vanter d’avoir reçu l’aval de la population pour l’institution d’un nouveau prélèvement obligatoire.