Comment le gouvernement veut tuer la médecine libérale à l’hôpital

Le sceau de la fonctionnarisation de la médecine plane toujours. Aujourd’hui, la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France publie son rapport d’observations définitives sur le centre hospitalier de Chauny dans lequel elle pointe du doigt la surreprésentation des médecins libéraux. 

Récemment, Agnès Buzyn pavoisait du fait que la France possède l’un des meilleurs systèmes de santé de tous les pays membres de l’OCDE. Si son communiqué était largement lacunaire sur certains points, on oublie parfois de dire que la situation n’est pas rose. On observe par exemple une diminution du nombre de lits d’hôpitaux mais aussi l’augmentation du nombre de recrutements de médecins étrangers. La situation devient même incroyable quand un rapport de la Chambre régionale des comptes vient reprocher à un hôpital la pratique de la médecine libérale. 

” Il faut un contrôle de l’activité libérale “

Avant même ses observations, la Chambre se raccroche au code de la santé publique pour rappeler que l’exercice de la médecine libérale doit être strictement encadré. Ainsi, ce sont un peu plus de la moitié des praticiens du centre hospitalier qui précisent exercer une activité libérale soit 5 fois plus que la moyenne nationale (autour des 10%). Et le rapport continue en pointant du doigt tous les manquements reprochés aux libéraux : l’absence de contrôle de leur obligation d’assurance (quand bien même ceux-ci sont en règle), la délégation de consultation à des tiers, ou encore le non-respect du plafond de la durée de l’activité libérale soit exactement 20% de la durée de service hospitalier hebdomadaire.  

De la même manière, ce seraient 7 praticiens qui se retrouveraient en infraction en 2015 pour ce qui est des consultations, soit exactement le même nombre que l’année précédente et deux de plus qu’en 2013.  

Une réalité sur place bien différente

Seulement, si le rapport précise bien que “le volume global de consultations libérales réalisées par l’ensemble des praticiens dans l’établissement excède celui au titre du secteur public”, il n’y a pas un mot en ce qui concerne les actes et les hospitalisations. Ainsi, en 2015, aucun des sept praticiens n’étaient en infraction. Petite subtilité, le rapport précise qu’il faut alors bien séparer les activités de consultations deux autres catégories.  

Il faut aussi remettre ces “recommandations” de la Chambre des comptes en contexte. Actuellement, on ne cesse de répéter que l’on manque de médecins en France. Ainsi, on voudrait accentuer encore plus phénomène en réduisant l’activité libérale, qui se concentre le plus sur les consultations. Si la logique de ce constat nous échappe encore, il peut s’expliquer par une volonté pécuniaire de remboursement des frais du public. 

Dans un précédent article, nous vous présentions le cas d’un hôpital en Bretagnedont les coûts de construction étaient en moyenne 25% supérieur à ceux d’une clinique privée. En faisant ce parallèle, on peut logiquement penser que l’hôpital public de Chauny veuille faire rembourser ses divers coûts par les libéraux. Et les insoumis à ce système se voient alors pointés du doigt par la Chambre régionale des comptes. Mais tout ceci n’est que suppositions…  

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Découvrez nos analyses et capsules vidéos
Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #3 : les CCN face à l'assurance obsèques de l'enfant de -12 ans

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #1 : Les accords santé face aux fusions de CCN

Lancer la vidéo

Webinaire Tripalio #2 : Le point sur les catégories objectives dans les CCN

Lancer la vidéo

Le pouls des CCN #1 : le régime santé de la CCN Syntec

Vous pourriez aussi aimer
retraites, carrières longues, IJ
Lire plus

Retraites : quand le macronisme tire une balle dans le pied de la capitalisation

Dans le cadre de l'examen à l'Assemblée Nationale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, Paul Midy, député macroniste de l'Essonne, a déposé, d'accord en cela avec Gabriel Attal, le président de son groupe parlementaire, un amendement venant nourrir le débat public sur l'avenir des retraites, et proposant le versement, sur un contrat de retraite par capitalisation, de 1 000 euros au bénéfice de chaque enfant né en France. ...

Le PLFSS (non voté) renvoyé au Sénat

Les députés ne sont pas parvenus à aller au bout des débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Ils n'ont pas réussi à boucler l'examen de tous les amendements avant d'atteindre le délai maximum de 20 jours prévu par la Constitution. Mais que les députés se réjouissent, tous leurs amendements adoptés en séance publique sont conservés dans le texte transmis au Sénat (voir ci-après). Ainsi donc, le Gouvernement, par la voix...
Lire plus

L’horlogerie-bijouterie se libère de sa mutualisation en santé

La convention collective nationale (CCN) de l'horlogerie-bijouterie (IDCC 1487) connaîtra une évolution importante de son accord santé en 2026. Il s'agit de la fin de la double recommandation qui était en place depuis le 1er janvier 2021. Les 20 000 salariés des près de 2 800 entreprises du secteur de ne s'en rendront peut-être pas compte, mais la décision des partenaires sociaux aura des conséquences en termes de...