Sur le chômage, François Hollande s’est livré, hier matin, à une nouvelle séance de bla-bla propre aux fonctionnaires protégés par la sécurité de l’emploi, épargnés par le risque de figurer un jour dans les humiliantes files d’attente de Pôle Emploi, et plombés par une vision théorique de l’économie et de la société française. Une fois de plus, on a donc entendu les invocations divines à la société numérique, à la capacité de création, à la création d’entreprise, à la solidarité, qui ne mangent pas de pain et qui évitent de s’interroger sur l’impact réel des mesures qui sont proposées.
Une fois de plus, les acronymes ou les expressions génériques comme l’AFPA, les partenaires sociaux, les branches professionnelles, ont servi de paratonnerres aux vrais problèmes du pays. Pourquoi l’Education Nationale ne forme-t-elle pas la main-d’oeuvre dont le pays a besoin, en proposant un volume suffisant d’apprentis ou en dissuadant les candidats aux inutiles mastères en psychologie de se lancer dans des parcours sans avenir au lieu de suivre des formations qui leur garantissent un emploi ?
Mais qu’en sera-t-il au juste de la lutte contre le chômage ?
Le choix d’une France low cost
On regrettera tout de suite que François Hollande ait rétréci le champ de la prime à l’embauche aux seuls recrutements situés au-dessous de 1,3 SMIC. Et nos ingénieurs sortis d’école trop chers pour les start-up ? et nos cadres que les TPE ou les PME ne parviennent pas à s’offrir pour financer leur développement commercial, parce que le coin socio-fiscal les plombe inexorablement ?
Une fois de plus, et dans la droite ligne de l’idéologie insane développée par les technocrates, François Hollande limite l’incitation à recruter aux seuls emplois low-cost ! Mais pourquoi ? si ce n’est par une espèce d’insupportable inclination pour les emplois à bas salaires, à basse formation, à faible intérêt. L’objectif du Président de la République conforte une fois de plus cette vision selon laquelle seuls les emplois à faible valeur technologique ajoutée méritent d’être défendus.
Hollande et la protection contre l’entreprise
Une fois de plus, François Hollande a expliqué qu’il fallait augmenter les protections dont les salariés bénéficient. Avec un Code du Travail en inflation permanente et un droit ultra-protecteur pour les salariés, on ne peut évidemment que s’interroger sur le bon sens de cette mesure.
On constatera donc que le discours du président de la République a annoncé un renforcement des protections en tous genres contre la crise et contre la révolution numérique. En particulier, Hollande insiste sur l’ambition du compte personnel d’activité, qui obligera rapidement les entreprises à des comptabilités complexes laissées à la main des « partenaires sociaux ».
Ah ! que nous eussions aimé entendre le Premier des Français expliquer clairement que la traversée de la crise suppose des arbitrages complexes et douloureux qui ne peut pas éternellement se faire sur le dos des silencieux, tous ces chefs d’entreprise qui nagent comme ils peuvent dans un monde complexe.
Les promesses à tenir
François Hollande a inclus dans son intervention des allusions constantes aux promesses à tenir sur l’allègement du coût du travail. Il a en particulier promis la transformation « définitive » du CICE en baisse de charges. Là encore, cette décision est décevante, dans la mesure où elle ne s’appuie sur aucune évaluation sérieuse du CICE et de ses résultats.
On suivra en particulier les annonces faites sur la « loi Combrexelle » qui devrait permettre aux accords d’entreprise d’imposer des règles moins favorables que les accords de branche, notamment dans le domaine du temps de travail. Dans ce domaine, le diable se cache dans les détails, et seule une lecture du projet de loi permettra de savoir où nous allons…
Dans la pratique, François Hollande a mélangé les réformes structurelles à long terme (sur le code du travail) et les mesures immédiates (comme les crédits à la formation des chômeurs). Il est difficile d’imaginer un impact immédiat à ces mesures.