Chine, impôts, tensions sociales: le briefing du trimestre

L’actualité du trimestre devrait être dominée par quelques sujets à surveiller de près. 

Chine et instabilité financière

L’information la plus inquiétante pour la suite du trimestre vient de Chine. Le ralentissement de l’économie inquiète l’ensemble des places mondiales et le spectre d’un nouvel écroulement des marchés agite à nouveau les esprits. Après trois dévaluations successives du yuan cet été, l’indice manufacturier chinois reste en berne et la bourse de Shangaï est en chute libre. Après un plongeon ce lundi de 8,5%, le gouvernement chinois a autorisé le fonds souverain qu’il a constitué à intervenir sur les marchés actions. Cette manoeuvre d’urgence n’est pas forcément bon signe, on s’en doute. 

Les marchés américain et européen sont évidemment perturbés par ces mauvaises nouvelles asiatiques, et ont sévèrement dévissé lundi. Certains se demandent si le pire n’est pas à craindre, malgré un recours massif à la méthode Coué. Plusieurs “experts” se sont en effet précipités dès le mois de juin pour expliquer que la crise boursière chinoise était un jeu à somme nulle sans risque pour l’économie mondiale. On peut être sceptique face à ces affirmations, de mieux en mieux démenties par la réalité. 

Enfumage fiscal et stagnation économique en France

Cet été, François Hollande a imprudemment promis des baisses d’impôt pour les ménages en 2016 “quoi qu’il arrive”. Personne ne connaît exactement la nature de cette opération dont la sincérité est à suivre de près. La conjoncture n’est en effet pas idéale pour commencer ces petits cadeaux de pré-campagne présidentielle. Entre la crise chinoise dont l’ampleur n’est pas encore prévisible, et la stagnation de l’économie française dont le taux de croissance est repassé à 0% au deuxième trimestre, les marges budgétaires risquent d’être serrées, surtout dans une perspective où les engagements européens obligent à réduire les déficits. 

Les débats parlementaires sur la loi de finances risquent d’être animés. Le principal risque pour les entreprises est de voir ces baisses d’impôts financées par une part des sommes initialement destinées au pacte de responsabilité. Cette solution préconisée depuis longtemps par Martine Aubry risque de susciter quelques remous. Elle ne devrait pas consolider la confiance dans une politique dont l’efficacité économique ne saute aux yeux de personne. 

La sécurité sociale au coeur d’un nouveau tour de vis?

Parallèlement, la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale sera encore une fois l’occasion probable d’une nouvelle instabilité fiscale. Le gouvernement ne devrait pas porter de projet majeur cette année, mais il faudra suivre avec attention la part que la protection sociale devra endosser dans la réduction des déficits, surtout si la pression est relachée du côté des dépenses de l’Etat. 

Tensions sociales à surveiller

Dans le même temps, la société française est traversée par de nombreux soubresauts qui risquent de rendre encore plus compliqué l’horizon intérieur. 

La crise de l’élevage, due à l’embargo russe qui crée une surproduction agricole dans les frontières de l’Union, a souligné le manque d’autorité et de crédibilité du gouvernement face aux acteurs du marché. Deux grossistes en viande ont en effet refusé le tarif du porc fixé par le gouvernement, et ont annoncé leur intention de se fournir sur les marchés étrangers où les cours sont moins élevés. L’impression générale qui a dominé était celle d’une impréparation du ministre de l’Agriculture et d’une incapacité du gouvernement à régler les problèmes. 

L’ubérisation de la société devrait par ailleurs continuer à produire ses effets conflictuels. Les chauffeurs de taxi n’ont probablement pas dit leur dernier mot dans la crise qui fait long feu. De nouvelles manifestations ne sont pas à exclure. Leur impact est souvent faible, mais il donne souvent l’impression d’un désordre et d’un relâchement intérieur. 

 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

C2S : les règles de non-activité et de ressources sont révisées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, vient préciser les modalités d’application de l’article L. 861-2 du code de la sécurité sociale concernant l’accès à la complémentaire santé solidaire (C2S). Le texte modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS). Le décret introduit un nouvel article...

CNSA : les règles de composition et de fonctionnement du conseil sont modifiées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS) afin d’ajuster la composition et le fonctionnement du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Le texte vise à synchroniser les mandats, harmoniser les règles de délibération et prévenir les conflits d’intérêts, dans la perspective du renouvellement partiel du conseil prévu au 1er février 2026. Le décret...

Dotation 2025 des CESP : plus de 39  M€ alloués par l’assurance maladie

Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 29 juin 2025 précisent les dotations des régimes obligatoires d’assurance maladie consacrées aux contrats d’engagement de service public (CESP) pour l’année 2025. Un premier arrêté daté du 26 juin 2025 fixe la dotation versée au Centre national de gestion (CNG). Ainsi, la part de dotation destinée spécifiquement au financement des CESP s’élève à 29 404 800 euros pour l’année 2025. ...

Un nouveau représentant des départements entre au conseil de la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel du 28 juin, modifie la composition du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Maël de Calan est nommé membre titulaire du conseil au titre des représentants des conseils départementaux. Il a été désigné par l’Association des départements de France (ADF). Il remplace à ce poste Stéphane Haussoulier. ...

Le nouveau modèle papier de l’arrêt de travail est maintenant obligatoire

Pour lutter contre les arrêts de travail frauduleux un décret généralise l'obligation d'utiliser le nouveau formulaire papier lorsque l'arrêt n'est pas déclaré en ligne. Le décret paru au Journal officiel du 29 juin 2025 précise que l'assuré placé en arrêt de travail (ou dont l'arrêt est prolongé) qui veut envoyer son justificatif au format papier doit désormais transmettre la version originale signée d'un formulaire spécifique. Ce nouveau formulaire est...