Au sein de Covéa, les débats sont vifs, ces derniers temps, concernant les modalités de la gouvernance du groupe mutualiste. Ils sont si vifs qu’ils en viennent même à s’étaler dans la presse, dans les colonnes des Echos en l’occurrence.
La semaine dernière, Thierry Derez, le PDG du groupe Covéa, et Olivier Pastré, professeur d’économie à l’Université de Paris-VIII, ont fait publier dans le quotidien économique une tribune dans laquelle ils vantaient les mérites du modèle mutualiste dans le contexte actuel de crise économique, sociale et politique. “Dans le domaine des entreprises, il nous semble que les entreprises mutualistes ont une place à part car elles sont particulièrement adaptées, dans leur essence même, à ces périodes de crises et de tensions” écrivaient-ils en effet. Leur capacité à s’inscrire dans le temps long et dans l’absence de recherche de profit immédiat expliquaient notamment cette propriété. Ainsi le PDG de Covéa se posait-il en champion des valeurs mutualistes contre la crise actuelle du capitalisme.
Au risque, certes, de susciter quelques réactions ici ou là. Ceci n’a pas manqué d’avoir lieu. Pas plus tard qu’hier, Dominique Paillé, le président de l’association pour la sauvegarde des principes mutualistes (ASPM) – association constituée en opposition à l’entreprise de rachat par Covéa du réassureur basé aux Bermudes Partner Ré – s’est fendu, lui aussi dans les Echos, d’une tribune dans laquelle il qualifie Covéa, c’est-à-dire Thierry Derez, de “pompier pyromane du mutualisme”. Il y dénonce, en résumé, l’attitude qu’il juge duale et dangereuse du PDG du groupe Covéa, qui s’évertuerait à gérer ce groupe hors de toute pratique de démocratie mutualiste, tout en prônant publiquement l’opportunité de cette pratique.
Au-delà de ces débats de principe, on suivra attentivement les décisions de l’ACPR et de la justice dans le cadre des différentes démarches initiées par l’ASPM afin de faire capoter le rachat de Partner Ré par Covéa.