Aux Galeries Lafayette, un envers du décor peu affriolant

Comptant parmi les fleurons du commerce français, les Galeries Lafayette sont souvent considérées comme l’une des vitrines de la France et de sa capitale. Le vaisseau amiral haussmannien du groupe soutient fièrement cette réputation, grâce à son emplacement idéal au coeur de Paris.

 

Un emplacement peut-être un peu trop idéal d’ailleurs, que les salariés de l’enseigne semblent payer cher en termes de conditions de travail. 

Les réserves, un problème récurrent

Pour l’établissement Haussmann des Galeries Lafayette, la gestion des réserves est un enjeu particulièrement sensible. Sous-dimensionnées – inévitablement ? – elles offrent un cadre de travail que les salariés et certains de leurs représentants dénoncent aussi souvent qu’ils le peuvent comme étant dégradé. Au sein de l’entreprise, ce problème récurrent est identifié depuis plusieurs années. 

Ainsi, en 2010, le cabinet Technologia avait été mandaté par les élus du personnel afin de réaliser une première expertise de l’état des réserves et des conditions de travail des salariés qui doivent s’y rendre. Ce rapport avait pointé du doigt le caractère structurellement inadapté de ces locaux, ainsi que leur aménagement par l’employeur et le matériel mis à disposition des salariés. A la suite de ce rapport, la direction avait progressivement pris un certain nombre de mesures, contribuant à une réelle diminution du nombre des accidents du travail survenus dans les réserves – ils sont passés de plus 200 en 2010 à 110 en 2016. 

Des locaux toujours dangereux

Si cette amélioration de la situation est indéniable, il n’en demeure pas moins que les réserves des Galeries Lafayette Haussmann sont toujours des lieux dangereux pour les salariés. D’après nos informations, la sinistralité stagne depuis 2016, à un niveau que l’on peut difficilement qualifier de faible. Ainsi, en février 2016, les réserves des Galeries Lafayette Haussmann ont été le théâtre d’un grave accident du travail : un salarié y a fait une lourde chute et a dû être transféré d’urgence à l’hôpital, où ont pu être constatés un traumatisme cervical et d’autres, au coccyx, aux jambes et aux pieds. 

Il faut dire que les locaux ne sont pas du tout en bon état. Stockage instable en hauteur, installations électriques pas nécessairement aux normes, encombrement de portes et parfois d’issues de secours, éclairage souvent trop faible, dispositifs d’appels d’urgence ne fonctionnant pas tous, nettoyage déficient, multiplication des réserves sauvages sans organisation maîtrisée, etc. : d’après David Pereira, de Sud Commerce, les réserves des Galeries Lafayette Haussmann sont loin d’être un cadre de travail idyllique. Les quelques photos jointes en fin d’article témoignent, il est vrai, d’une organisation singulière d’un lieu de travail. 

Blocage aux Galeries Lafayette

Face à cette situation, en juin 2017, le CHSCT des Galeries Lafayette a demandé une nouvelle expertise de l’état des réserves. Cette fois-ci, la direction n’a pas réagi de la même manière qu’en 2010 : elle a saisi le TGI de Paris afin qu’il empêche la réalisation de cette expertise, estimant qu’elle n’était pas nécessaire puisque l’expertise de 2010 avait été suivie de mesures d’amélioration de la situation. En septembre 2017, le TGI de Paris donnait toutefois raison au CHSCT. Bien décidée à aller jusqu’au bout, la direction de l’enseigne a alors saisi la Cour de Cassation. Hélas pour l’employeur, en décembre dernier, la Cour de Cassation a, elle aussi, donné raison aux élus du personnel. 

Entre-temps, l’expertise demandée par le CHSCT a été réalisée et a confirmé que l’état des réserves des Galeries Lafayette Haussmann laissait à désirer. D’après M. Pereira, la direction ne veut pourtant pas se saisir de cette nouvelle expertise. “Ce problème ne les intéresse pas, c’est juste un coût pour eux. Nous sommes dans une situation de blocage : les réserves sont reconnues comme dangereuses pour les salariés mais la direction ne veut rien faire”. Contactée, la direction ne veut, en tout cas, “pas faire de commentaire” au sujet de l’état des réserves des locaux du boulevard Haussmann. 

 

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