Depuis que le gouvernement a annoncé, la semaine dernière, les mesures de sa réforme de l’assurance chômage, les responsables des centrales salariales ont, unanimement, fait savoir qu’ils étaient en désaccord avec les options de l’exécutif.
Ceci étant dit, ils se sont montrés tout à fait incapables d’opposer une riposte commune au gouvernement, se condamnant dès lors à l’échec.
Un refus syndical unanime de la réforme chômage
Comme nous l’avons dit la semaine dernière, tous les responsables syndicaux ont fermement dénoncé la réforme de l’assurance chômage présentée par le gouvernement. Près d’une semaine après la présentation de ladite réforme, les états d’esprits syndicaux n’ont pas changé, bien au contraire.
Ainsi en témoignent les propos virulents tenus ce matin même sur France Inter par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Il a en effet accusé le gouvernement de mentir aux Français. “Je n’ai jamais menti et j’en ai marre de ceux qui mentent”, a-t-il commencé, avant de préciser qu’il visait en l’occurrence “tous ceux qui pourraient vous faire croire que cette réforme, elle est anodine”. Dans le cas où certains n’auraient pas bien compris le fond de sa pensée, M. Berger a tonné : “Le gouvernement, quand il dit que c’est une réforme pour lutter contre la précarité, c’est un mensonge, c’est pour lutter contre les précaires”. La CFDT a décidément changé de ton ces dernières semaines.
Deux rassemblements distincts
Pour une fois que les dirigeants des organisations salariales modérées sont globalement sur la même ligne que ceux des organisations plus turbulentes, il aurait été concevable que s’organisât une action syndicale unitaire contre la réforme de l’assurance chômage. C’était, hélas, sans compter sur l’inventivité divisionnaire des hiérarques syndicaux.
Alors que la CGT avait prévu, depuis un certain temps déjà, un rassemblement mercredi prochain devant le siège de l’Unédic et, un peu partout en France, devant des agences du Pôle Emploi – invitant les autres organisations, dont la CFDT, à se joindre à elle – c’est finalement seule qu’elle agira. Au lieu de cette action commune, la CFDT a en effet décidé, la semaine dernière, d’organiser mardi un rassemblement devant le ministère du Travail, aux côtés de la CFTC, de l’Unsa et de la CFE-CGC – la CGT ayant assuré à l’AFP ne pas avoir été invitée à ce rassemblement. Déplorant vivement cette désunion syndicale – et on le comprend fort aisément… – FO a préféré ne pas s’aventurer dans les rues.
La culture de l’échec
Ainsi donc, alors que le gouvernement vient de nouveau de remettre en cause un aspect essentiel de ce qui, ces dernières décennies, a constitué le contrat salarial français, les dirigeants syndicaux, pourtant tous d’accord sur le fond, préfèrent mettre en scère leur désunion plutôt que de faire passer au premier plan l’intérêt de leurs ouailles. Du moins sont-ils certains qu’ainsi, la réforme gouvernementale de l’assurance chômage passera comme une lettre à la Poste.
Les hiérarques syndicaux sont décidément un bon carburant pour les mouvements de protestation de type “gilets jaunes”…