Réunis hier devant des journalistes de l’association des journalistes de l’information sociale (AJIS), les partenaires sociaux leur ont fait part de leur état d’esprit dans le cadre de la négociation en cours sur l’assurance chômage.
Ils sont clairement apparus remontés contre l’exécutif, dénonçant sa forte implication dans un dossier qui, il n’y a encore que quelques années, relevait très largement de leurs prérogatives. Ainsi, Sophie Binet, pour la CGT, a déploré le fait qu’un “mauvais génie plane au-dessus de [la] négociation”, faisant référence aux multiples prises de position de Bruno Le Maire à ce sujet. François Hommeril, le président de la CFE-CGC a enfoncé le clou : “Quand Bruno Le Maire nous donne son avis sur le modèle social français ‘plus ou moins généreux’… Ça n’intéresse personne son avis sur le sujet”.
Du côté de patronat, le son de cloche était comparable. Michel Picon, le président de l’U2P, s’est par exemple emporté contre les conditions dans lesquelles se déroule la négociation : “Cela commence à être agaçant de négocier avec un revolver derrière la tête” a-t-il déclaré. Patrick Martin, le président du MEDEF, s’est pour sa part, et plus généralement, inquiété des risques d’instabilité politique et sociale que l’étatisation des questions sociales faisait courir au pays : “Il ne faut pas laisser les clefs du camion à l’État parce que l’État et le politique sont ce qu’ils sont aujourd’hui. On ne sait pas ce qu’ils seront demain et le pays a besoin d’équilibre”.
Si ces analyses et appréciations apparaissent fort pertinentes, formulées à une semaine du terme théorique de la négociation sur l’assurance chômage, elles semblent surtout témoigner de l’impuissance des partenaires sociaux à faire reconnaître par l’exécutif leur légitimité à contrôler et à gérer cette politique sociale.