Assurance chômage : le Medef ne mise plus (autant) sur François Fillon

Depuis le printemps 2016, les responsables du Medef tergiversaient : faut-il ouvrir ou non une négociation sur l’assurance chômage ? Alors que la dette de l’Unédic atteint 34 milliards d’euros, ils étaient même allés jusqu’à s’offrir le luxe de séances paritaires de “diagnostic” sur le régime. Ils ont finalement accepté, du bout des lèvres, de s’engager dans une discussion. 

Une issue moins incertaine que Fillon

Du côté des syndicats de salariés et des observateurs du monde paritaire, personne n’était dupe quant à la cause de l’attitude attentiste du Medef. Misant sur une victoire de François Fillon à l’élection présidentielle, les dirigeants patronaux considéraient qu’ils n’avaient aucun intérêt à se saisir du dossier ô combien sensible de l’assurance chômage. A compter que les candidat de la droite parlementaire applique son programme libéral, les embarras liés à la gestion paritaire de l’Unédic promettaient de n’être plus qu’un mauvais souvenir. 

À lire aussi → Représentativité syndicale : on prend les mêmes et on recommence (non sans contestation)

Oui mais voilà : la récente publicisation de la tendance au népotisme de M. Fillon a desservi les affaires du Medef. Et il est soudainement apparu à ses dirigeants qu’ils devraient peut-être plutôt miser sur le paritarisme que sur l’Etat. S’il s’avère toujours quelque peu coûteux de devoir s’entendre avec une partie des syndicats de salariés, du moins cette issue est-elle moins incertaine que le résultat de la prochaine présidentielle… 

Une négociation sincère ?

Ceci étant dit, l’acceptation par le Medef de l’ouverture d’une négociation sur l’assurance chômage ne signifie pas grand chose en soi. En effet, la principale confédération patronale ne semble pas vraiment prête à s’orienter vers une surtaxation des contrats courts. Le Medef a ainsi réaffirmé “l’impérieuse nécessité de ne pas alourdir le coût du travail” et insiste “sur le besoin de flexibilité de notre économie”. A priori, les syndicats de salariés ne sauraient donc espérer négocier un accord ambitieux. 

Le risque d’un accord a minima n’est pourtant pas le principal risque qui pèse sur la future négociation. En réalité, c’est de sa sincérité même qu’il faut douter. Etant donné que la négociation chômage se tiendra parallèlement à la campagne présidentielle, il est tout à fait improbable que les deux processus n’interagissent pas. En particulier, la succession des sondages favorables tantôt à l’un, tantôt à l’autre des candidats pourrait perturber sans cesse les discussions paritaires et peser sur le contenu d’un éventuel accord. 

Dans une telle configuration, les petits calculs parito-politiques des responsables du Medef pourraient bien finir par se retourner contre eux… 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Une nouvelle représentante des exploitants au sein de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, nomme une représentante des exploitants et anciens exploitants au sein du conseil d’administration de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines. Il s'agit de Anne Thauvin qui est nommée en tant que membre titulaire du conseil d’administration de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines. Elle y représentera les exploitants et anciens exploitants, en remplacement de...
allocation sociale unique
Lire plus

Retraites : la Cour des Comptes plus réservée sur les solutions que sur le constat

La Cour des Comptes a rendu public, hier, le second des deux rapports, consacré au lien entre système de retraites d'une part et compétitivité et emploi d'autre part, que le Premier ministre François Bayrou lui avait commandés afin d'éclairer la négociation paritaire sur l'avenir des retraites, toujours en cours malgré son changement radical de format. ...

Aésio mutuelle renoue avec les bénéfices et finalise sa transformation

En 2024, Aésio mutuelle enregistre un chiffre d’affaires stable de plus de 2 milliards d’euros, dans un contexte économique marqué par l’inflation et des tensions structurelles sur les dépenses de santé. Après plusieurs années de pertes, la mutuelle boucle l’exercice sur un résultat net bénéficiaire de 15,3 millions d’euros, contre un déficit de 39,75 millions en 2023. Le...