Jeudi dernier, échaudés par la volonté affichée par le gouvernement de ne respecter qu’avec beaucoup de liberté l’accord sur la formation professionnelle qu’ils venaient d’échaufauder avec le patronat, les représentants des confédérations salariales avaient conditionné leur signature de l’accord sur l’avenir de l’assurance chômage à l’engagement de l’exécutif d’en respecter les termes. C’est finalement chose faite.
Multipliant les occasions de se brouiller avec les dirigeants syndicaux – et notamment avec Laurent Berger, patron de la CFDT – le chef de l’Etat a sans doute préféré ne pas ouvrir inutilement un front supplémentaire dans le domaine de l’assurance chômage. Dans une interview au Parisien, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a en tout cas fait savoir que les dirigeants de l’Etat n’entendaient pas remettre en cause les dispositions de l’accord auquel sont parvenus les partenaires sociaux à la fin de la semaine dernière – dispositions que nous avons détaillées ici.
La seule vraie différence entre le texte paritaire et le projet de réforme gouvernemental concerne la durée d’affiliation ouvrant droit à l’indemnisation chômage en cas de démission. Le gouvernement maintient son souhait de voir cette durée portée à cinq ans, là où les partenaires sociaux s’étaient entendus sur une durée de sept ans.
Au sujet des indépendants – sujet dont, rappelons-le, les partenaires sociaux s’étaient quelque peu dessaisis – l’exécutif a précisé ses intentions. Seuls seront concernés les indépendants qui ont subi une liquidation judiciaire et qui réalisaient un bénéfice annuel d’au moins 10 000 euros. Dans leur cas, une indemnité de 800 euros, pour une durée de six mois, est prévue. Les esprits chagrins déduiront peut-être de ce schéma peu ambitieux que le gouvernement prépare de la meilleure manière qui soit les futurs indépendants indemnisés au RSA…
La position conciliante du chef de l’Etat au sujet de l’assurance chômage permettra-t-elle de faire passer la pilule de la formation professionnelle ? Rien n’est moins sûr, tant la formation professionnelle procure des sinécures autrement plus intéressantes que l’assurance chômage.