Air France en pleine bataille de communication

Ce lundi a lieu un CCE extraordinaire chez Air France. Il devrait donner lieu à une communication devant les personnels dont une grande partie du contenu est déjà connue: 3.000 suppressions d’emplois pour rétablir la compétitivité de l’entreprise. Cette opération a été précédée par des interventions de Jean-Claude Mailly et de Laurent Berger qui ont dénoncé le manque de solidarité des pilotes. 

Le plan Perform 2020

Le conflit s’est ouvert après le refus du syndicat des pilotes de souscrire au plan Perform 2020, selon un raisonnement résumé dans un tact: “Plan A : vous faites des gros efforts de productivité, ce qui génère du sureffectif et j’organise des plans de départs… Plan B : je fais de l’attrition qui génère du sureffectif et j’organise des plans de départs”. La formule est violente, mais elle illustre bien le sujet de fond qui occupe l’entreprise: les coûts sont trop élevés et une réduction de l’activité déficitaire est incontournable. 

Dans la pratique, la direction proposait aux pilotes une augmentation de 100 heures de la durée annuelle du travail, parallèle à la fermeture de plusieurs lignes. Faute d’un accord sur cette mesure, la direction propose un plan B reposant sur la suppression de 3.000 postes. 

Le corporatisme des pilotes instrumentalisé?

Pour faire admettre son plan B, la direction d’Air France a-t-elle instrumentalisé le corporatisme des pilotes? Certains éléments prêtent à le croire dans la mesure où, comme d’habitude est-on tenté de dire, la direction est loin d’avoir joué le jeu intégral de la négociation, privilégiant une communication à tout va sur ce domaine sensible. Dans la pratique, le plan d’Air France était loin d’éviter les suppressions d’emplois et proposait aux pilotes d’assumer d’importants efforts pour préserver des sur-effectifs au sol.  

Cette logique politique plaçait habilement les pilotes dans un corner: soit ils acceptaient et, dans tous les cas, leurs efforts ne suffisaient pas à éviter les suppressions d’emploi, soit ils refusaient et ils portaient la responsabilité publique du plan de suppression d’emplois. 

Le monde de l’aviation est décidément cruel.  

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

La santé mentale des cadres mise à rude épreuve selon l’Apec

La nouvelle étude diffusée par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) montre que la santé mentale des cadres et managers est une préoccupation qui devrait être centrale pour les entreprises. Le document donne à lire une analyse de risque approfondie à destination des entreprises et des professionnels de la de la protection sociale collective. Il en ressort que la santé mentale des cadres est bien plus éprouvée que celle des salariés non-cadres. ...

Avis d’extension d’un avenant à un accord santé dans la CCN des industries chimiques et connexes

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles envisage d’étendre, par avis publié le 10 octobre 2025, les dispositions de l’avenant du 2 septembre 2025 à l'accord du 17 novembre 2022 relatif au régime conventionnel frais de santé, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des industries chimiques du 30 décembre 1952 (...