L’enjeu de l’âge du départ à la retraite qui sera mis en oeuvre dans le futur régime unifié de retraite donne lieu à des échanges publics qui commencent à ressembler chaque jour un peu plus à un fort mauvais feuilleton.
Après le rétropédalage d’Agnès Buzyn, le Premier ministre Edouard Philippe et le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ont défendu hier des positions pas pleinement compatibles. Le MEDEF a pour sa part soutenu Mme Buzyn – première version.
Griveaux pour le débat sur l’âge de la retraite
Interrogé hier matin sur RTL, Benjamin Griveaux a affirmé que l’âge du départ à la retraite faisait toujours partie des thèmes en débat dans le cadre de l’élaboration de la réforme des retraites. Il a même indiqué que ce sujet faisait partie des thèmes de discussion de la “concertation” sur la réforme des retraites. “C’est une question qui est à la concertation. Nous n’avons pas l’habitude de fermer les concertations en pleine concertation, ça n’est pas une bonne méthode de gouvernement ” a-t-il en effet déclaré.
Ainsi Jean-Paul Delevoye découvrait-il que la remise en cause de l’âge du départ à la retraite faisait partie des enjeux actuellement évoqués par sa mission de concertation…
Edouard Philippe à la normande
Un peu plus tard dans la journée, à l’occasion d’une séance de questions au gouvernement, le Premier ministre Edoaurd Philippe a pour sa part fait preuve d’une habileté toute normande lorsqu’il a dû préciser les intentions gouvernementales en matière d’âge futur de départ à la retraite. Il a d’abord affirmé que ce dernier n’augmenterait pas : “Dans le cadre de cette réforme, il n’est pas question de modifier l’âge de départ à la retraite”.
Puis il a dit à peu près l’inverse quelques instants plus tard : “se poser la question de savoir s’il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail plus long finance ces besoins considérables d’investissement et de prise en charge de la limitation du reste à charge est une question parfaitement valide. Ce qui m’inquiéterait, ça serait qu’on ne se la pose pas”.
Comprenne qui pourra !
Roux de Bézieux défend Buzyn 1ère version
Enfin, au beau milieu de ce concert polyphonique, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du MEDEF, interrogé sur Europe 1, a clairement soutenu les propos formulés dimanche par Agnès Buzyn. Il l’a en effet jugée “très courageuse” d’avoir proposé de relever l’âge de départ à la retraite.
Cette position a probablement fait grincer quelques dents en interne. En effet, au sein du patronat, l’assurance – qui est l’une des seules grandes fédérations à avoir soutenu M. Roux de Bézieux lors de l’élection à la présidence du MEDEF – n’était pas favorable, aux dernières nouvelles, à l’idée d’une hausse de l’âge de départ à la retraite, pour des raisons de soutenabilité des régimes sociaux des entreprises.