Age de départ à la retraite : Agnès Buzyn revient quelque peu sur ses pas

Après s’être exprimée dimanche dernier, “à titre personnel” comme le veut la formule consacrée, pour un recul de l’âge de départ à la retraite, Agnès Buzyn semble avoir été forcée de constater que l’affaire n’allait pas passer comme une lettre à la poste.

 

Aussi vient-elle de revenir quelque peu sur ses pas – sans toutefois rassurer quant aux orientations gouvernementales. 

Trouble général

C’est peu dire que les déclarations d’Agnès Buzyn ont quelque peu troublé bien des principaux acteurs de la réforme des retraites. Prenant connaissance de l’analyse de Mme Buzyn, Jean-Paul Delevoye, qui s’évertue à déminer le terrain de la réforme depuis plusieurs mois, avait dû admettre sa “surprise”. 

Du côté des syndicats de salariés, la CGT et FO ont estimé que ces propos constituaient une “provocation”. Même Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a clairement réaffirmé son opposition à un report de l’âge de départ à la retraite : “La CFDT est engagée sincèrement dans les discussions pour une juste réforme des retraites mais elle serait fondamentalement opposée au report de l’âge légal de départ à la retraite”. De l’autre côté de l’échiquier paritaire, le patronat s’est bien gardé d’apporter son soutien à la ministre sur un sujet hautement polémique en interne. 

L’exécutif prenait ainsi conscience du fait qu’un éventuel entêtement de sa part se ferait à ses risques et périls. 

Rétropédalage sur l’âge de la retraite

Probablement en lien avec ceci, s’exprimant hier devant l’Assemblée Nationale dans le cadre d’une séance de question au gouvernement, Agnès Buzyn est revenue sur ses pas. “Je voudrais être tout à fait claire sur les propos que j’ai tenus ce dimanche : aucune modification de l’âge minimal de départ à la retraite n’est envisagée ni sur la table des négociations” a-t-elle en effet affirmé d’après l’AFP. Elle s’est en outre dédouanée de la “polémique” suscitée par ses propos : “Ce n’est pas le sens des propos que j’ai tenus dimanche et dont les diverses interprétations sont à l’origine d’une polémique”. 

Notons, certes, que ce rétropédalage ne rassure pas tout à fait quant aux intentions gouvernementales. Il y a en effet fort à craindre que “l’âge minimal de départ à la retraite” corresponde par ailleurs à un niveau tout aussi “minimal” de pension… 

L’humour d’Agnès Buzyn

Quoi qu’il en soit, la séquence aura tout de même permis de confirmer qu’Agnès Buzyn ne manque pas de sens de l’humour. Après avoir – sans doute définitivement – mis à mal la sérénité de la mission de Jean-Paul Delevoye, elle lui a pourtant réaffirmé sa confiance totale. “Laissons donc cette réforme structurante […] se préparer dans des conditions sereines, j’ai toute confiance dans l’engagement du Haut-commissaire Jean-Paul Delevoye et je sais qu’il maintiendra un dialogue constant avec les partenaires sociaux pour mener à bien ces travaux”. 

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