AG2R ressort sa vieille rengaine de convention collective de sécurité sociale

AG2R vient de publier une “étude” sous couvert de son think tank captif, le Cercle de l’Épargne, anciennement financé par Generali (avant l’arrivée d’Éric Lombard), consacrée à l’avenir des groupes de protection sociale. Rédigée par Jean-Marie Spaeth (CFDT) et Cécile Waquet (IGAS, AG2R), l’étude aurait gagné en crédibilité en incluant des auteurs moins extérieurs au secteur privé opérationnel. On y retrouve la vieille rengaine de la convention collective de sécurité sociale à laquelle AG2R adorerait se raccrocher pour sauver ses positions monopolistiques désormais interdites. L’étude fait une impasse quasi-complète sur le monde numérique.

On n’apprendra pas grand chose de nouveau dans cette étude. On savait déjà qu’AG2R cherchait un nouveau modèle durable pour remplacer le système de collusion mis en place au nom de la solidarité à l’époque glorieuse des désignations. Il était évidemment beaucoup plus facile de se développer dans un monde d’opérations pipées comme dans la boulangerie, qu’en jouant le jeu de la concurrence. On savait aussi qu’AG2R continuait à sniffer de la convention collective de sécurité sociale fournie à haute dose par Barthélémy et tous les has been de l’ancien monde (dont l’ex-député frondeur socialiste Jean-Marc Germain) pour profiter sans vergogne de la “solidarité”. Toutes ces vieilles lunes figurent bien dans le texte, et on se dispensera donc de cette lecture où il est certain que Cécile Waquet a tenu la pliume. Le style tout en énarchisme ne paraît pas à la portée de Spaeth. 

L’étude passe en effet complètement à coté des révolutions numériques en cours. Celles-ci sont bien évoquées, mais sans être manifestement comprises. Pour les auteurs de la note, le numérique semble être un simple gadget, ou un simple canal de distribution concurrent des canaux existants. Les impacts profonds de la révolution numérique sur la conception même de l’assurance, l’effet des nouvelles formes affinitaires sur la solidarité de branche, paraissent complètement échapper aux rédacteurs.  

Il faut dire que le monde de Jean-Marie Spaeth est celui du siècle précédent et le monde de Cécile Waquet celui d’une administration poussive et peu encline à se remettre en question. Le fait qu’AG2R n’ait eu sous la main que des auteurs hors sol pour réfléchir à son avenir est en soi l’illustration de l’épuisement d’un modèle, d’autant plus acide et intolérant qu’il est désormais complètement dépassé par le monde qui s’annonce.  

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Les partenaires sociaux finalisent leurs négociations chômage et emploi des seniors

S'il arrive aux partenaires sociaux d'avoir bien du mal à mener rapidement certaines négociations à leur terme - comme par exemple s'agissant de la gouvernance des groupes de protection sociale - ils peuvent également se montrer capables du contraire, comme en témoigne le déroulement des négociations paritaires qu'ils viennent d'achever au sujet de l'assurance chômage, de l'emploi des seniors et des parcours syndicaux. ...