Nous l’évoquions il y a une dizaine de jours à peine : la non extension de l’accord du 4 octobre 2017 sur la structure des rémunérations des salariés des transports routiers commence à beaucoup agacer dans la branche. Depuis notre dernier article sur le sujet, la situation n’a guère évolué : le gouvernement n’a toujours donné aucun signe d’une quelconque volonté d’étendre l’accord – dont l’objet est, rappelons-le, de contourner l’esprit des ordonnances Travail afin de continuer à négocier au niveau de la branche bien d’autres éléments salariaux que les seuls minima.
Comme l’on pouvait s’y attendre, certains représentants salariaux du secteur ont décidé de ne plus se contenter de demander aux pouvoirs publics où en était le dossier. Ainsi, Force Ouvrière vient d’appeler à la grève pour le dimanche 3 juin au soir. Pour l’heure, FO est, certes, isolée. Ceci étant dit, si aucune annonce tangible n’est faite par le gouvernement dans les prochains jours, il faut s’attendre à ce que d’autres fédérations du transport, y compris parmi celles qui sont traditionnellement qualifiées de modérées, se joignent au mot d’ordre de FO. L’enjeu pour les salariés et leurs représentants est en effet considérable.
Cette possible évolution des choses aurait toutes les raisons d’irriter les employeurs de la profession. En plus d’avoir dû, bon an mal an, concéder un contournement des ordonnances Travail, ils pourraient devoir faire face à une grève. Pourtant, les transporteurs pourraient eux aussi trouver leur intérêt à une mobilisation de la profession. Dans le cadre de l’élaboration de la loi d’orientation mobilité (LOM), le gouvernement entend bien mettre les poids-lourds à contribution pour le financement des infrastructures routières. Ayant obtenu l’abandon de l’éco-taxe, les transports ne veulent pas d’un retour d’une taxe similaire dans la future LOM.
Le gouvernement a-t-il vraiment intérêt à une union dans la mobilisation des salariés des transports routiers et de leurs employeurs ?